Colombie et Guyanes

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L'UNIVERS.

sur les bords de la Mana, et le fulgore-porte-tanterne. Le premier est le plus grand des insectes connus ; il atteint une longueur de neuf à dix pouces. Le fulgore-porte-lanterne est remarquable par sa propriété phosphorescente , à l'aide de laquelle on peut lire et écrire. On dirait que les ennemis les plus formidables de l'homme se sont donné rendez-vous dans la contrée que nous venons de décrire. Ce n'était pas assez du boa, de l'alligator et des tigres, il fàllait encore que le requin infestât les cotes de la Guyane. Nous mentionnerons encore le lamantin, prodigieux mammifère qui fréquente également les rivières et les lacs; le poisson-volant, innocente et foible espèce, qui vit dans de continuelles alarmes, poursuivie sous les eaux par les requins, et dans les airs par les cormorans; et enfin le sucet remore (echineis remora), qui n'a pas. connue le croyaient les anciens, le pouvoir d'arrêter les plus forts navires , mais qui s'attache par la tête aux corps solides. Ce pays où la force de vitalité a reçu un si grand développement, doit offrir en abondance les plus remarquables productions du règne végétal. L'Européen se trouve saisi d'étonnement à la vue de ces sombres forêts où les colosses de la végétation sont enchaînés par des lianes robustes, enveloppés par les fougères et les plantes parasites, baignés par des torrents et défendus par tout ce qu'une nature vierge peut offrir d'entraves aux conquêtes de l'homme. M. Noyer, député de Cayenne, a présenté une nombreuse nomenclature des plantes utiles qui croissent dans ces vastes forêts : les palmiers couronnés par un élégant panache, les bois de teinture, les bois de construction, les plantes médicinales, les fougères colossales et les plantes grasses y sont en majorité. Nous ne pouvons qu'indiquer rapidement, parmi les plantes utiles, le quatele-lecythis d'Aublet, ou marmite de singe, la fève de Tonca, qui sert à parfumer le tabac, la pomme de can-

nelle , le counami, dont les Indiens se servent pour infecter l'eau des criques et enivrer les poissons, l'acajou le rocouier, le bananier, le muscadi odorant et le tabac. Les naturels de la Guyane viennent au monde presque blancs ; en peu de jours ils prennent une couleur bistre clair, qui se transforme enfin en rouge, à l'aide du rocou dont ils se teignent. Ils sont fortement constitués et de taille moyenne. Leurs cheveux longs et noirs sont coupés à droit sur le front, et leur corps est bizarrement tatoué. Les femmes sont généralement bien faites, mais elles font boursouffler leurs mollets d'une façon hideuse, en se serrant fortement la jambe avec des lanières de cuir. L'Indien de la Guyane ne manqué ni d'adresse, ni d'intelligence; il est à regretter que son indolence naturelle ait, jusqu'ici, résisté à toutes les tentatives de civilisation. Les Caraïbes et les Oyampis, qui forment les groupes les plus nombreux et les plus intéressants des aborigènes de la Guyane, ornent habituellement leur tête de plumes de toucans etde perroquets. (Yoy.pl. 8,n°7. Les. Arrowankas ou Aravaques, qui habitent sur les rives du Berbèce et du Surinam, paraissent appartenir a la famille caraïbe, et en former la branche la plus fertile en beaux individus ; les femmes surtout y sont remarquables par des formes a la fois nobles et gracieuses (Voy.pl. 8, n° 8·) Cette nation a conservé quelques traditions mythologiques qui se rapportent à un personnage aussi ancien qu' il est obscur, nommé Amalivaca. Les tribus caraïbes n'ont pas d nemis plus acharnés que les Cabres. peuplade guerrière et anthropophagi qui, des plaines de San-Juan, s'étend jusqu'aux missions de l'Orénoque. Ces deux nations sont perpétuellement eu état d'hostilité, et leurs rencontre sont empreintes d'un caractère de Ie; rocité que n'ont pu adoucir jusqu'ici les premiers germes du christianisme implantés chez elles. Les armes dont les Indiens se ser-


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