Colombie et Guyanes

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COLOMBIE. sent, ils ont perdu leurs capitaux à ce genre d'industrie. Il en a été de même de leurs premières opérations commerciales avec ces nouvelles républiques. Les guerres civiles, le peu de confiance dans la stabilité des institutions, et le défaut de connaissances locales, ont fait regretter amèrement aux Anglais la précipitation de leurs premières spéculations. Ainsi, on peut tirer de ce fait cette conclusion, que les chambres de commerce de nos grandes villes s'étaient trop hâtées de reprocher au gouvernement français la lenteur qu'il mettait à établir des relations officielles avec les nouvelles républiques de l'Amérique du sud. Sans doute cette lenteur pouvait tenir à des considérations politiques susceptibles d'être combattues sous d'autres rapports; mais il nous sera permis de dire que les résultats matériels, les seuls, à vrai dire, que se propose le commerce, ont justifié cette conduite, en préservant nos spéculateurs des pertes énormes que les Anglais ont éprouvées. Enfin, c'est encore dans le Cundinamarca que l'on trouve l'usage singulier , et on pourrait dire barbare, de voyager à dos d'homme, comme ailleurs on voyage à dos de mulet. Les malheureux cargueros qui servent de monture à des voyageurs peu philanthropes, sont, pour la plupart, Indiens ou Métis. Vêtus légèrement , et armés d'un long bâton, ils voyagent pendant plusieurs jours consécutifs, exposés à l'inclémence de la température, à travers un pays rocailleux et bouleversé, portant sur leurs épaules un fardeau qui s'élève à huit arrobes ( environ J00 kilogrammes ). Deux courroies qui leur ceignent les épaules supportent une chaise sur laquelle le voyageur s'assi ed, armé d'un large parasol ; et quand il trouve que sa monture va tr op lentement, ou n'a pas le pied assez sûr, ni le trot assez doux, il ne craint pas de lui cingler un coup de cravache, ou de lui promener ses éperons sur le flanc!!! (Vov. la pl. 8, n°4.)

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Cet usage déplorable est d'autant plus difficile à justifier, que le Cundinamarca fournit d'excellents mulets. Ces intelligents animaux ont le pied tellement sûr, que le voyageur n'a rien de mieux à faire, dans les passages périlleux , que de s'en rapporter à eux; il courrait même de grands dangers si la vue des précipices l'épouvantait au point de vouloir contrarier la volonté de sa monture. Sur la route de Honda à Bogota, les mauvais pas exercent à chaque instant la patience de l'homme et l'adresse des mulets. Tantôt ces courageux animaux gravissent ou descendent de roides escaliers taillés dans le roc ; tantôt ils s'avancent avec précaution sur le talus d'un rocher qui surplombe un affreux précipice ; ils y ramassent prudemment leurs quatre pieds, et s'élancent sur la rive opposée, à la grande satisfaction du cavalier, que la terreur a fait pâlir. (Voy. la pl. 6. ) Nous ne quitterons pas la province de Bogota sans dire quelques mots des paysans du plateau. Ces Indiens, à demi civilisés, n'ont, pour la plupart, d'autre vêtement qu'une sorte de manteau de drap qui leur couvre la tête, se serre autour du cou et descend jusqu'à l'orteil. Les deux sexes posent since vêtement un petit chapeau de paille ou de feutre. Les hommes ont le menton garni d'une touffe de barbe assez semblable à celle des boucs; leurs yeux, petits et bridés comme ceux des Chinois, leur donnent un air de ressemblance avec ce dernier peuple. Ils sont assez bons cultivateurs, et moins indolents que leurs compatriotes des basses régions. (Voy. la pl. 8, n° 3.) QUITO, capitale du département de l'Equateur, et, aujourd'hui, de la république de ce nom, est la ville la plus considérable de la Colombie, sa population s'élevant au double de celle de Bogota. Quatre rues seulement y sont pavées ; les autres sont tortueuses et obscures. Cependant on y remarque quelques beaux édifices, ' des églises fort riches, des manufactures d'étoffes, de coton, de lin et de flanelle,


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