Colombie et Guyanes

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L'UNIVERS.

u'elle reconnaissait l'indépendance e la Colombie. Depuis ce moment , les fluctuations de la politique remplacèrent, dans le sein de cette république, les mouvements militaires, les hommes d'épée s éclipsant peu à peu devant les publicistes et les orateurs. Le parti qui ne voulait plus du libérateur commençait à se grossir; on se demandait si Bolivar n'était pas un ambitieux qui voulait arriver au despotisme. Il y avait là , sans doute, exagération et ingratitude ; cependant il faudrait connaître bien peu le coeur humain pour ne pas croire que ce général ait pu, comme un autre, se laisser séduire par l'attrait du pouvoir, et que, voyant la liberté devenir, pour ses compatriotes, un instrument de discorde, il ait senti la nécessité de concentrer l'autorité dans ses mains et de garder en tutelle des enfants égarés. Lorsqu'au mois de juin 1826 ce libérateur rentra sur le territoire de la Colombie, il trouva que tous les éléments de l'anarchie étaient en ebullition, et que la république se mourait, assassinée par ses propres enfants. Alors il se dit que, pour sauver la liberté, il fallait la suspendre et assumer le titre et l'autorité de dictateur. L'armée, qui lui était dévouée, applaudit à cette détermination ; mais le reste de la nation ne montra pas le même enthousiasme. Peu de mois après cet événement, les plénipotentiaires de la Colombie, du Mexique, de Guatémala et du Pérou, s'assemblèrent à Panama, et conclurent un traité d'amitié et confédération perpétuelles en paix et en guerre. De son coté, Bolivar avait promis de convoquer un congrès national à Ocana, à l'effet de réviser la constitution ; mais, en réalité, il ne songeait qu'à faire sanctionner le pouvoir suprême déposé entre ses mains. Aussi les républicains tentèrent-ils un effort désespéré pour se soustraire à ce projet de despotisme. Une nuit (26 septembre 1828), le dictateur est éveillé par une épouvantable rumeur. Il ap-

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prend que les sentinelles de son ont été égorgées, et que lui-même η pas de temps à perdre, s'il veut échapper au fer des révoltés. Il ouvre alors une croisée, et, demi-nu, il saute dans la rue et parvient à gagner une caserne, où il convoque toutes troupes de la garnison. Il se met leur tète et marche contre les rebelles, qu'il met promptement en fuite, plusieurs sont pris et exécutés immé diatement. Santander, vice-président du congrès, soupçonné d'être l'ami du complot, est jeté dans une prison d'état. Depuis ce moment, Bolivarpouvail songer à régner paisiblement, mai une guerre malheureuse, qu'il entreprit contre les Péruviens, fut le premier signal de ses revers. La dictature de Bolivia lui échappa, et son autorité allait recevoir d'autres échecs bien autrement sensibles. Paëz, le brave Paëz, son ancien lieutenant, son favori, appelle la Vénézuéliens à l'indépendance (1829 Une révolution éclate également Quito, où Florès demande la liberl pour les provinces de l'équateur. Deux partis se forment sur les débris de I constitution : celui des unitaires veut le maintien de l'union des trois républiques, et celui des fédéraliste! qui demande leur séparation avec système d'alliance. En vain Bolivar cherche à se roidir contre cet orage; il est renversé dans la poussière, i vain aussi veut-il se plier aux événements et en suivre le cours pou mieux en profiter; il se courbe pour ne plus se relever. Le congrès national s'était assemblé à Bogota. Bolivar lui envoie i démission, saisissant cette circonstance pour rappeler ses services et se plaindre des calomnies dont il est devenu l'objet. Le congrès feint d'hésiter, puis il accepte, nomme pour son président Joachim Mosquera, et rappelle Santander, cet ennemi per sonnel du dictateur. C'en est fait du parti des unitaire L'ancienne république colombienne enfanté trois états indépendants : le PALAIS

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