Patagonie, Terre-du-feu et archipel des Malouines

Page 75

PATAGONIE, TERRE-DU-FEU ET ILES MALOUINES. les côtes voisines de la mer présentaient la plus agréable verdure. « Les hauteurs, dit-il, sont assez remarquables, mais ne peuvent être appelées des montagnes , quoique leurs sommets soient entièrement nus. Le sol des vallées est riche et d'une grande profondeur ; au pied de presque toutes ces collines, on trouve un petit ruisseau dont l'eau a une couleur rougeâtre , comme celle qui coule à travers nos tourbières d'Angleterre ; mais elle n'a aucun mauvais goût, et, en tout, nous avons éprouvé que c'était la meilleure que nous eussions trouvée dans notre voyage. » A l'époque où naviguait Cook, le détroit de Lemaire n'avait pas encore perdu son importance; aussi le capitaine anglais apporte-t-il le plus grand soin à préciser la position de ce detroit, auquel il donne environ cinq lieues de long, et à indiquer tous les points qui peuvent servir à y diriger les marins. Il prend également la défense de la Terre-des-Etats, qui ne lui a pas semblé non plus aussi sauvage qu'à l'amiral Anson. La côte nord lui a paru offrir des baies et des havres, et le sol n'était pas sans bois, ni même sans verdure. Deux ans auparavant, le capitaine Wallis , qui reconnaissait alors les côtes du détroit de Magellan , s'exprimait d'une manière toute différente au sujet de la Terre-du-Feu, bien qu'il y fût au mois de février, correspondant à notre mois d'août. Le maître du vaisseau, qu'il avait envoyé chercher des mouillages, « trouva, dit-il, le pays qui borde la côte, horrible, et plus sauvage qu'aucun qu'il eût jamais vu ; c'étaient des montagnes raboteuses , plus hautes que les nues, absolument dépouillées, depuis leur base jusqu'à leur sommet, et où l'on n'apercevait pas un seul arbrisseau ni un seul brin d'herbe. Les vallées ne présentaient pas un aspect moins affreux; elles étaient entièrement couvertes de couches profondes de neige, excepté en quelques endroits où elle avait été emportée ou glacée par les torrents qui s'échappent des crevasses de la montagne , et se précipitent des hauteurs où ils se forment par la fonte des nei-

51

ges. Ces vallées , dans les endroits même où elles ne sont pas couvertes par la neige, sont aussi dépourvues de verdure que les rochers qui les environnent. » Ces témoignages ne sont contradictoires qu'en apparence, puisqu'ils portent sur des points placés à une grande distance l'un de l'autre. Le capitaine Parker-King, qui a exploré avec soin toute la Terre-du-Feu, confirme les assertions de Cook. Il dit que dans presque toutes les îles qu'il a visitées , la végétation est magnifique, et qu'il y a vu la véronique et la fuschie, qui en Angleterre sont regardées et cultivées comme des plantes fort délicates. Ces deux végétaux , ajoute ce navigateur , étaient en pleine fleur à une très-petite distance de la base d'une montagne couverte de neige aux deux tiers de sa hauteur. Il a vu aussi des colibris suçant l'arôme des fleurs, après deux ou trois jours de pluie et de neige pendant lesquels le thermomètre avait été au point de congélation. Enfin M. Fitz-Roy affirme qu'à aucune époque de l'année, les feuilles des arbres de la Terre-duFeu ne tombent entièrement. De ces différents rapports, on peut conclure, que si cette contrée n'a pas un aspect bien hospitalier , elle est loin d'être aussi épouvantable que l'ont affirmé certains voyageurs. Le récit suivant d'une excursion faite par Banks et Solander, pour étudier les richesses végétales de la partie sud de ce pays, peut être considéré comme le côté effrayant du tableau : Aventure de Banks et de Solander. M. Banks et le Dr Solander, qui, en qualité de naturalistes, accompagnaient le capitaine Wallis dans son voyage autour du monde, se trouvant vers le milieu de décembre 1766, dans le détroit de Magellan et tout proche de la côte de la Terre-du-Feu, vers un point où le débarquement n'offrait aucune difficulté, résolurent de ne pas abandonner ce parage sans renouveler l'excursion qu'ils avaient déjà tentée sur ce sol, où ils espéraient découvrir de véritables richesses scientifiques. Le 4.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.