Patagonie, Terre-du-feu et archipel des Malouines

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L'UNIVERS.

leur donne de cinq pieds huit pouces à six pieds quatre pouces (mesure française). La même année, Wallis et Carteret assurent qu'ayant mesuré un des plus grands Patagons, ils trouvèrent six pieds sept pouces, ou un peu plus de six pieds français ; mais que le plus grand nombre n'avaient que cinq pieds dix pouces à six pieds, c'est-à-dire, en moyenne environ cinq pieds cinq pouces français. La même année encore, le jésuite Falkner affirme que ces Indiens ont rarement sept pieds anglais de haut, et que la plupart n'en ont que six, c'est-à-dire, moins de six pieds français. En 1820, M. Gautier, armateur de baleinières, ne parle que de six pieds français. Ce conflit d'opinions avait laissé le problème de la taille des Patagons dans la plus complète incertitude; mais, aujourd'hui, il est définitivement résolu : M. d'Orbigny, qui a vu un grand nombre de Patagons de différentes localités, après des observations rigoureuses et répétées, après une étude approfondie de cette race , a fixé la taille des plus grands à cinq pieds onze pouces, et la moyenne à cinq pieds quatre pouces. Cette appréciation est confirmée par le témoignage du capitaine King, dont les travaux sur toute l'extrémité de l'Amérique du Sud méritent une entière confiance, et qui voyageait en même temps que notre savant compatriote. La moyenne de la taille des Patagons est donc bien réellement cinq pieds quatre pouces français ; certes, c'est encore là une taille fort belle ; mais elle n'a rien d'extraordinaire, car les habitants de quelques-uns de nos départements atteignent en moyenne le même chiffre. Ainsi, il est constaté, une fois pour toutes, que les Patagons sont remarquablement grands, mais que ce ne sont pas des géants, dans la véritable acception de ce mot. Ce qui distingue particulièrement

les Patagons des autres indigènes et des Européens, ce sont des épaules larges et effacées, un corps robuste, des membres bien nourris, des formes massives et herculéennes. Ils ont la tête grosse et un peu aplatie par derrière; la face large et carrée, les pommettes peu saillantes, les yeux horizontaux et petits; leur front, leurs sourcils, et les lèvres épaisses qui bordent leur grande bouche, sont tellement saillants, qu'une ligne perpendiculaire tirée du front aux lèvres effleurerait à peine le nez ; celui-ci est épaté et à narines ouvertes. Malgré ce portrait peu flatteur, on trouve quelques-unes de ces figures qui ne sont point par trop désagréables. Les jeunes femmes ont même une expression spirituelle qui annonce chez elles de la vivacité, de la douceur, et les rend quelquefois passables. Elles jouissentdecertains avantages qui seraientà coup sûr enviés par nos dames: elles ont la main et le pied petits; leur taille ne manque pas d'une certaine élégance, et quelque vieilles qu'elles meurent, elles emportent toutes leurs dents, un peu usées sans doute, mais bien rangées, bien égales, et surtout d'une blancheur extraordinaire, Le teint des Patagons ressemble plus à celui des mulâtres qu'à la couleur du cuivre rouge, dont on leur a fait les honneurs, et peut-être la blancheur de leurs dents est-elle ainsi plus apparente que réelle (*). Costume. Le costume de ces Indiens se compose de fourrures. La peau du guanaque est celle qu'ils préfèrent pour cet usage; les parties du dessous du cou et des jambes sont seules employées, parce que la laine en est plus douce et plus soyeuse. Ils en réunissent plusieurs au moyen de ten(*) M. d'Orbigny n'a pas jugé à propos de compléter le portrait physique des Patagons par l'examen phrénologique de leur tête. Cependant la phrénologie tient aujourd'hui une trop large place dans la physiologie générale pour qu'on puisse sans inconvénient se dispenser de la faire entrer comme élément essentiel dans l'étude des races humaines d'un continent.


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