Remarques générales sur les plantes alimentaires à la Guyane

Page 7

— 7 — la rareté presque permanente des vivres et leur cherté, on peut dire, avec la Statistique

officielle des colonies (1843), que la Guyane

n'a jamais eu que des alternatives de surabondance ou de rareté dans ses approvisionnements. Les raisons physiques et économiques n'en sont pas difficiles à saisir. Telle est l'influence des éventualités atmosphériques que le même champ peut porter un tiers ou moitié en moins ou en plus des prévisions; telle est l'action destructrice des pluies excessives que la pourriture peut détruire tout à coup un champ de Manioc à maturité. Des pluies précoces et trop abondantes en automne empêchent de brûler et de planter les abatis et préparent une disette pour un an ou deux ans plus tard. Des pluies excessives, survenues en hiver ou au printemps, détruisent des champs de Manioc mûr. Une sécheresse inattendue ou retarde la croissance du Manioc, ou même détruit de jeunes plantations. Les pieds de Bananier peuvent être détruits par une inondation ; la récolte d'un champ de Riz peut être avariée par la pluie ou diminuée par les dévastations des oiseaux. Dans une habitation isolée et de peu d'étendue les insectes peuvent ravager les abatis de vivres et amener les plus graves mécomptes. Si, d'une année à l'autre, les éventualités atmosphériques peuvent amener l'abondance ou la rareté des vivres, on doit aussi remarquer que, dans la même année, le cours naturel des saisons ramène à certains moments l'abondance, et, à d'autres, laisse un peu le cultivateur dans la pénurie. L'été est la saison de l'abondance ; c'est l'époque où les racines farineuses arrivent à maturité et se conservent intactes dans le sol ; l'hiver est, au contraire, le moment où les approvisionnements font plus aisément défaut. Les plantations nouvelles ne font alors que commencer à pousser et les champs de Manioc mûr sont sujets à se gâter en terre. Cette incertitude des approvisionnements de subsistances, au sein d'une nature prodigue, doit éveiller au plus haut point l'attention de l'agriculteur, et je ne saurais trop insister sur les préceptes qui permettent d'atténuer ou d'éviter ces déplorables accidents. Je réduis ces préceptes à trois règles générales : 1° — Cultiver les plantes alimentaires dans le sol qui leur con-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.