Remarques générales sur les plantes alimentaires à la Guyane

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— 5 — avons supposées faites dans u n e terre b o n n e et appropriée à c h a que espèce végétale, cultivées à des intervalles de jachère suffisamment éloignés, soient exécutées sur une terre épuisée, sans l a b o u r s ni sarclages suffisants ; que les cultures, au lieu d'avoir été i n t e l l i gemment groupées, ce qui atténue les dévastations des insectes et des gros a n i m a u x et épargne beaucoup de temps perdu

pour

aller et revenir, aient été dispersées capricieusement par petits morceaux, l'un d ' u n coté, l'autre de l ' a u t r e ; que l ' a l i m e n t a t i o n , au lieu d'être demandée à u n certain n o m b r e de végétaux différents et à diverses sortes de sol, soit demandée à u n e seule plante et à u n e seule sorte de t e r r e ; que la récolte du Manioc, au lieu d'être faite à son temps, soit opérée p r é m a t u r é m e n t ,

sous la pression de

besoins u r g e n t s , nés de l'imprévoyance du cultivateur; ce ne sera plus au prix d ' u n j o u r de travail par semaine que le cultivateur produira sa n o u r r i t u r e végétale, ce sera au prix de deux et de trois. Son alimentation sera plus chétive et plus monotone ; l ' a p p r o v i sionnement de la colonie sera moins assuré et plus exposé à souffrir des intempéries

atmosphériques ; sa

prospérité

commerciale

souffrira, car, si on consacre trop de temps aux cultures de vivres, on aura d'autant moins de temps à donner a u x cultures

d'expor-

tation. Quoique mes assertions soient en pleine concordance avec

l'ex-

périence agricole de la Guyane et de la plus grande partie des pays chauds, j e dois aller au-devant des objections qui peuvent se p r é senter à l'esprit des lecteurs européens et peut-être, je l'avoue à regret, de certains fonctionnaires des colonies, q u i , tout en les habitant, en connaissent peu la pratique agricole. — C o m m e n t admettre q u ' u n cultivateur puisse produire ses vivres végétaux

en

un j o u r de travail par semaine, lorsqu'on voit en E u r o p e , sous u n climat, m o i n s productif sans doute mais cultivé plus s a v a m m e n t , les deux tiers, les trois quarts de la population consacrés

aux

travaux des c h a m p s , et le pays ou suffire simplement à son a l i mentation, ou n'exporter q u ' u n e fraction m i n i m e de ses récoltes? — Je répondrai que dans les pays où cela se produit, le sol é t a n t très-peuplé, il n'est n u l l e m e n t loisible au cultivateur de choisir les terres fertiles, qui rendent pour le m ê m e travail d e u x , trois ou quatre fois plus que les mauvaises; que le sol trop exigu m a n q u a n t


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