Généralités sur la Guyane : configuration et nature du sol, distribution des eaux

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— 24 — j e l'ai dit, les rivières, les ruisseaux ne coulent pas d'un cours uniforme et régulier ; des b a r r a g e s de roches n o m b r e u x les coupent et on ne peut r e m o n t e r les fleuves ou les ruisseaux sans r e n c o n t r e r un grand nombre de rapides, des cascades ou de sauts d'une h a u t e u r de trois, dix, vingt m è t r e s . La p r é s e n c e d'un saut dans une rivière indique en g é n é r a l que la vallée y t r a v e r s e une chaine de coteaux ou de petites m o n t a g n e s . Les p r e m i è r e s cascades sont à une distance de la côte en ligne droite de sept, dix, dix-huit lieues ; en suivant les sinuosités du cours d'eau, de douze, quinze, vingt-deux lieues. Dans les plus grands cours d'eau le premier saut est plus éloigné de la c ô t e , mais souvent, avant d'arriver à lui, on peut c o n s t a t e r p a r des sondages l'existence de b a r r a g e s de roches subm e r g é e s . Il résulte de cette disposition un ralentissement du cours des e a u x , qui p e n d a n t les pluies les force à inonder au dessus de chaque b a r r a g e de vastes espaces, et qui, dans la saison sèche, permet aux rivières de conserver de l'eau dans des sortes de bassins où elle a peu ou p r e s q u e point de mouvement. Au voisinage de la m e r et j u s q u ' à huit ou dix lieues de l ' e m b o u c h u r e , le mouvement des m a r é e s règle le cours des fleuves. Lorsque la m e r perd, le fleuve coule et d é c r o î t ; lorsque le m o n t a n t revient le c o u r a n t se r e n v e r s e , et les e a u x douces refoulées gonflent et r e m o n t e n t . Il y a environ trois h e u r e s de r e t a r d e n t r e la basse m e r et le plus bas niveau des e a u x du fleuve à dix lieues de l'embouchure. Dans ce reflux les eaux salées ne s'avancent pas bien loin ; elles ne p é n è t r e n t g u è r e , m ê m e dans la saison sèche, que j u s q u ' à deux ou trois lieues, dans les grandes rivières cinq ou six. L e s eaux troubles, c'est-à-dire t e n a n t en suspension de la v a s e marine, s'avancent environ du double pendant les basses e a u x . Le refoulement des eaux douces se prononce au c o n t r a i r e j u s q u ' à huit ou douze lieues ; dans la sécheresse il se produit j u s q u ' a u pied du p r e m i e r saut. A cette époque les e a u x troubles de l'embouchure déposent un épais limon sur les t e r r e s qu'elles inondent. A la saison des g r a n d e s pluies et des


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