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lègue qui m'a fait l'honneur et le plaisir de m'interrompre, que la production réelle de Bourbon est seulement égale à quatre millions de kilogrammes de sucre, il faudrait admettre qu'au lieu de 1,034 kilogrammes par travailleur, c o m m e à la Martinique dans une année médiocre, o u de 951, c o m m e à la Guadeloupe dans une mauvaise année, la production serait seulement égale, dans l'île de Bourbon , à 239 kilogrammes par travailleur. Cette humble production, à 4 5 centimes le kilogramme , donnerait 8 7 francs 5 5 centimes de produit brut par travailleur, ou vingt-quatre centimes par jour, en produits bruts. D e semblables résultats se réfutent par leur propre déraison. Sans recourir à ces preuves irrécusables, il nous aurait suffi de dire que l'Ile de France ne peut envoyer de sucre en contrebande à Bourbon, parce que la valeur d u sucre s'y trouve beaucoup plus chère, depuis plusieurs années. Ajoutons que Bourbon est, entre toutes les îles, la moins propre à la contrebande; et que la contrebande par m e r est la moins facile de toutes. Les manufacturiers, et surtout les commerçants, savent combien il est plus difficile d'opérer la contrebande par la voie de m e r que par la voie de terre. Il suffirait de consulter l'administration des douanes pour reconnaître que la proportion des marchandises fraudées, toutes choses d'ailleurs égales , est dix fois plus grande par la voie de terre que par la voie de mer. L a disproportion devient plus grande encore lorsqu'il s'agit de marchandises qui craignent l'eau, et qu'on ne peut, c o m m e les