Mémoire adressé par le Conseil des délégués des colonies aux Ministres du Roi

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sucriers de betterave q u e leurs produits étaient d'être imposés. Les sucriers betteravistes, loin d'être intimidés, furent stimulés par u n e déclaration qui n'était pas suivie d'effet, et dont, à leurs y e u x , il importait beaucoup de devancer les conséquences : ainsi firent-ils. E n six ans, ils avaient quintuplé leur production; en huit ans, ilsl'avaientvingtuplée!... et la perte annuelle d u trésor public atteignait le chiffre é n o r m e de vingt millions, par les m o n s trueux effets d'une taxation, excessive d'une part, et nulle de l'autre. L e mal arrivant à son c o m b l e , les colonies se voyaient enlever u n e i m m e n s e portion de l'approvisionnement métropolitain, par u n produit similaire , objet d'une prédilection aveugle et si funeste aux intérêts d u revenu national. Et pour permettre u n résultat si déplorable, la m è r e patrie oubliait, dédaignait les conditions réciproques et l'équité d u pacte colonial, dont le but évident avait été d'assurer, aux produits de nos planteurs d'outre-mer, la vente intégrale sur le m a r c h é métropolitain, à des conditions possibles sans ruine. Les C h a m b r e s n'ont pas eu plus de mémoire. Elles n'ont voté q u e p e u à p e u , lentement, et c o m m e à contre-cœur, la taxation d u sucre indigène; parce qu'on la leur présentait, avant tout, c o m m e u n e ressource fiscale, et n o n c o m m e un retour à la fidélité vers le pacte colonial, fidélité qu'il fallait revendiquer sans cesse, au n o m des plus grands intérêts de la métropole elle-même. susceptibles


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