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d'un monstrueux privilége, c o m m e on a voulu le faire croire. Toutes les industries du pays, apportent certaine ment leur part dans les coffres de l'état; mais c'est d'une autre manière que par des taxes directes : c'est à l'aide des consommations de produits imposés, qui sont faites par la portion de la population qui se livre aux industries affran chies. La franchise de taxe et la protection sont donc le droit c o m m u n pour les diverses industries du pays; et les droits imposés sur tel produit sont une exception fort rare; car parmi la multitude d'espèces de produits qui se créent sur la surface du royaume, on n'en compte qu'un nombre ex trêmement limité que l'on s'est déterminé à assujétir à des taxes spéciales. Les boissons spiritueuses, le sel et le tabac, voilà les seuls objets de quelqu'importance que l'on ait sou mis à des droits. Parmi toutes les industries qui en sont af franchies , pourquoi irait-on choisir celle qui crée le sucre, plutôt que toute autre , non seulement pour lui retirer la protection c o m m u n e , mais pour l'appeler à combler par une taxe spéciale , un déficit quelconque dans le revenu de l'état ? C'est, dit-on, parce que ce déficit lui-même , est occasionné par la diminution ou par la cessation des percep tions sur les sucres étrangers. Mais qui ne voit que dès l'instant que le sucre se produit à l'intérieur, les considéra tions qui pouvaient motiver le droit, sont entièrement changées. La principale circonstance qui militait en faveur de cet impôt, la facilité de la perception , a disparu, parce que ce n'est plus à l'aide des douanes qu'on le percevra; et des considérations puissantes et entièrement nouvelles, viennent combattre ce m ê m e droit. Si l'on établit un impôt sur une matière plutôt que sur une autre, ce n'est pas à cause du n o m qu'elle porte, ni à cause de sa nature physique ou chimique : on se dirige dans ce choix par des considérations relatives à la facilité de la perception , et aussi par des motifs que l'on puise dans les rapports qui lient la production et la consommation de cette matière aux autres productions du pays 5 mais surtout par la considération dont