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nécessaire pour arriver à l'aplomb manufacturier, surtout dans une industrie nouvelle et aussi compliquée que celle-ci, on sera disposé à comprendre comment il se fait qu'un petit nombre de fabriques arrivées jusqu'à un certain point à cet aplomb, travaillent avec bénéfice, tandis que beaucoup d'autres fabriquent sans profit ou avec perte. O n trouve là l'explication du tait que j'ai avancé; savoir qu'un tiers au plus de ces fabriques travaillent aujourd'hui avec un bénéfice réel; et si l'on ne voulait classer dans cette catégorie que les fabriques qui ont déjà amorti sur leurs bénéfices leur première mise de fonds, tant en achat et re nouvellement de matériel qu'en dépenses occasionnées par les premiers essais infructueux, je ne crains pas de dire, qu'on trouverait à peine un vingtième de sucreries françaises que l'on pût ranger dans cette classe. Et cependant ce n'est que lorsqu'un établissement industriel est arrivé à ce point, qu'il est généralement considéré comme étant dans un état de haute prospérité, et à l'abri des revers fortuits. Je sais bien que dans le nombre des fabricants qui travaillent au jourd'hui à perte ou sans bénéfice, on n'en trouverait qu'un bien petit nombre qui voulussent en convenir; et cela s'ex plique très-facilement : celui qui se livre à l'industrie a besoin de crédit et de la confiance qui le fait naître; et dans tous les genres de fabrication, les chefs d'établissements s'efforcent de persuader au public que leur spéculation réus sit à souhait. Dans celui-ci, ceux qui travaillent avec perte, savent bien que le temps et l'expérience amélioreront leur situation, parce qu'ils ont l'exemple de leurs confrères plus avancés qu'eux ; et par le m ê m e motif le public se laisse facilement aller à la confiance. Le fabricant qui travaille à perte, voit devant lui ceux qui sont plus avancés dans la m ê m e route ; et il y marche avec sécurité , parce qu'on ne sait pas en général quelle influence exercent sur le succès , la capacité et l'aptitude personnelles du chef, dans une in dustrie où rien n'est encorefixépar des traditions. Personne d'ailleurs ne veut se reconnaître d'infériorité sous le rap-