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existé en 1812 et 1813. Il semblait m ê m e que M . Crespel avait plutôt reculé qu'avancé dans l'art de la fabrication, car il employait alors dans la plupart des cas les anciens procédés décrits par Achard : la cristalisation à l'étuve, l'emploi de l'acide sulfurique pour la défécation , etc. Ce pendant il demeurait bien constant que M . Crespel fabri quait alors avec succès, c'est-à-dire avec profit : sa fabrica tion était vraisemblablement en perte dans les premières années de son entreprise, lorsqu'il vendait le sucre brut 8 fr. le kilogramme; et il était venu au point de trouver des bénifices, en le vendant environ 1 fr. 50 c., et en faisant tou jours usage des mêmes procédés. C'est que M . Crespel est vraiment un fabricant habile , un h o m m e laborieux, appli qué , persévérant, qui avait apporté à connaître et à amélio rer tous les détails de ses procédés, une rare sagacité et un grand esprit d'ordre et d'observation. Ce fabricant distin gué savait employer la cuite à feu nu, lorsque la qnalité des sirops le lui permettait; depuis il a adopté la cuite à la va peur , et tous les perfectionnemens qui ont été apportés successivement aux procédés de fabrication; et il réussit avec tous , parce que tous les instrumens sont bons entre les mains d'un habile ouvrier. Je puis citer un fait moins connu que celui-là, mais qui prouve peut-être encore mieux qu'il est dans ce genre de fa brication , des conditions bien plus importantes pour le suc cès , que la nature des procédés m ê m e que l'on emploie. La fabrique de M . Crespel n'est pas la seule qui ait résisté à la tourmente qui a renversé nos sucreries en 1815 : dans une petite ville de Lorraine, à Pont-à-Mousson, il a été fondé en 1811 et 1812 deux fabriques de sucre, l'une par M . André, la seconde par M . Masson son gendre. Ces fabriques n'ont pas cessé un instant de produire, et elles travaillent encore aujourd'hui avec profit et en employant à peu près les mêmes procédés qu'elles avaient adoptés dès l'origine : la cuite à feu nu, la presse à vis, etc. Je dirai m ê m e que ces fabricans ont montré si peu d'empressement