Du sucre indigène, de la situation actuelle de cette industrie en France

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société, et m ê m e parmi les hommes qui se livrent à l'indus­ trie,les connaissances de la pratique agricole, on comprend facilement combien peu il a dû se rencontrer de cas où ces diverses conditions se soient trouvées réunies, dans la fonda­ tion du nombre très-considérable de fabriques de sucre qui se sont formées en France. D e là bien des années passées en tâtonnemens, en mécomptes et souvent en opérations désas­ treuses, m ê m e dans les fabriques qui doivent prospérer plus tard, lorsque les fautes se seront résolues en expérience ac­ quise. Quelques personnes ont cru qu'à défaut de connaissances ou d'aptitude personnelle, elles pourraient y suppléer, au moyen d'agens salariés. Mais d'abord la réunion de toutes les conditions de succès est au moins aussi rare parmi les hommes en qui les propriétaires peuvent placer leur con­ fiance, que parmi les propriétaires eux-mêmes. Et ensuite, une vérité que savent bien tous les industriels, c'est que s'il est possible qu'un manufacturier fasse diriger avec succès une fabrique quelconque par un agent salarié, c'est à la condition que le propriétaire lui-même possède toutes les connaissances nécessaires pour la diriger avec succès; car c'est seulement ainsi qu'il peut apprécier les opérations de son agent, lui accorder ou lui retirer à propos sa confiance. U n fait qui est à la connaissance de tous les hommes qui se sont occupés de la fabrication du sucre, montre combien on se trompe, lorsqu'on s'imagine que le succès ou la chute d'une fabrique dépend de l'emploi de procédés plus ou moins parfaits. Lorsqu'on sut dans le public vers 1820 , qu'une fabrique d'Arras avait survécu au naufrage général des sucreries en 1815, et que M . Crespel continuait à fabri­ quer du sucre avec profit, malgré l'extrême abaissement des prix, Pétonnement fut universel. O n jugea que ce fabricant employait sans doute des procédés particuliers : on lui de­ manda des renseignemens, qu'il donna avec candeur et dé­ sintéressement } et il fut reconnu que M . Crespel avait tou­ jours travaillé et travaillait encore avec les procédés qui avaient été employés dans toutes les fabriques qui avaient


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