Question des sucres (1843)

Page 34

36

régulière. Ensuite, il ne peut peser sur le consommateur. S'il exagère ses prix, l'abaissement de la surtaxe fait entrer aussitôt les sucres étrangers et rétablit le niveau. Plus il entrera d'ailleurs de sucres étrangers, plus le trésor et les consommateurs gagneront ; car, d'un côté, le sucre étranger paiera toujours un droit supérieur à celui du sucre colonial, et d'un autre, côté, ce sucre, tous frais déduits, revenant à meilleur prix que le sucre colonial sur le marché, on le vendra moins cher, et il fera baisser les prix. L e sucre étranger joue toujours un grand rôle dans les diverses parties du système que nous défendons. Nous ne cherchons nullement à en dissimuler l'importance ; nous ne le mettons pas en première ligne; mais sans lui, le débat se rétrécit, et les grands avantages du système disparaissent. Ainsi, c'est l'admission des sucres étrangers qui doit donner à la marine l'impulsion dont nous avons parlé. C'est le sucre étranger qui viendra grossir les recettes du trésor. Enfin, c'est encore le sucre étranger qui sera la garantie du consommateur, en le mettant à l'abri du m o n o pole. Nous n'appelons, du reste, le sucre étranger qu'en lui fixant des conditions. Impuissant pour le mal, il ne lui sera permis que d'être utile. Ce sera une rivalité nouvelle, dites-vous? N o n ; c'est une limite, que le gouvernement pourra étendre ou resserrer, suivant les besoins de l'intérêt public. Nous défendons les colonies contre le sucre indigène ; mais nous ne voulons pas sacriûer l'intérêt général aux colonies. Voyez les bénéfices du trésor dans ce système. L e sucre est la matière imposable par excellence; tandis que le sel supporte un impôt de vingt à vingtcinq fois sa valeur, et le tabac de huit à dix fois, le sucre colonial, au droit de 45 francs, paie à peine une fois ce qu'il coûte au producteur. Le sucre n'est pas nécessaire au pauvre. Avec les progrès de l'aisance générale la consommation de cette denrée peut doubler en France; on a m ê m e dit qu'elle pouvait tripler. C'est donc la source d'un revenu immense. Ajoutez que les impôts de douane se perçoivent intégralement, et sans ameuter les populations contre le fisc. A la situation actuelle substituez le système du projet de loi. E n évaluant la consommation à 110 ou 120 millions de kilogrammes, vous donnez au budget des recettes un supplément annuel de 20 à 22 millions de francs. Doublez la consommation d'ici à u n certain nombre d'années ; vous aurez u n revenu total de 120 à 130 millions. Ce n'est pas tout. A u système qui soutient les sucres exotiques, substituez le système qui soutient la betterave. Supposez que le sucre indigène soit maître du marché, et supporte une taxe élevée. Calculez la prime énorme que prélèvera la fraude, et le tort que produira l'exclusion des sucres étrangers. Au lieu d'un m i n i m u m de 20 millions que le projet de loi ajoute à vos recettes actuelles, je n'exagère pas en disant que la betterave, quel que soit l'impôt qui la frappe, causera un déficit de 10 à 20 millions; ce qui ferait une différence immédiate de 30 à 40 millions d'un système sur l'autre.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.