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l'instant où il n'y a plus d'administration française possible sans l'investigation des Chambres, il devenait indispensable de leur faire juger l'opportunité d'un régime extra-légal : en dehors de cette voie, il n'y a qu'une immense responsabilité à encourir. Je comprends toutefois très-bien l'impossibilité de soumettre, au régimefixedes lois, des hordes sans discipline, sans Pénates, habituées à se courber à la voix formidable d'un pacha; mais toujours est-il qu'il fallait obtenir le droit de régir par ordonnances. Au
lieu de cette direction, une
ordonnance
n o m m e deux chefs indépendans l'un de l'autre; et, par une disposition singulière, leur donne tous les ministres pour chefs, puisqu'ils en relèvent pour toutes les parties du service qui leur sont particulières. Voilà un étrange système de colonisation! Et, si l'on ajoute que quatre gouverneurs se sont succédés en dix-sept mois, il ne restera plus qu'a déplorer la fatalité qui semble nous accabler. Ce mode d'administration, à deux chefs indépendans, n'est pas nouveau; mais par cela m ê m e il est extraordinaire qu'on l'ait admis. Essayé à plusieurs reprises aux colonies, et toujours d'une manière fâcheuse, on s'était enfin fixé au système d'unité en harmonie avec le gouvernement monarchique; c'était agir conséquemment, car une colonie est en réalité une vice-royauté. C o m m e n t se fait-il donc q u e , pour une colonie naissante, où l'unité est plus qu'ailleurs une nécessité, on ait divisé le pouvoir, et par-là paralysé son action ?