Considérations sur le système colonial et la tarification des sucres

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prix de tant de sacrifices , opposa une résistance flagrante à la progression des idées libérales. Cette volonté sefitsentir aux colonies avec plus de force et d'efficacité. Vint la Révolution du 7 août; ce grand événement fut compris, et franchement accepté par les colonies. Le gouvernement n'avait qu'à régulariser les m e sures propres à en assurer les conséquences ; lorsque pressé par des exigences qui ledébordaient, il imposa, m ê m e sans légalité, cette émancipation civile dont les populations de couleur sont aujourd'hui en possession. Il eût été plus sage, plus dans l'intérêt de tous, de la faire réclamer par les blancs eux-mêmes. 11 n'y avait pas de refus possible ; la preuve en est à cette ordonnance, qui fait loi, malgré l'article 6 4 de la Charte. Alors, au lieu d'une victoire dont la population émancipée se prévaut, elle n'eût reconnu, dans la nouvelle mesure, qu'un acte de juste concession, un pacte d'alliance; et l'on ne verrait pas, aujourd'hui, ces fâcheuses divisions qui, dans certaines localités, semblent partager les classes libres (1). (1) O n était si loin, aux. colonies, de repousser l'émancipation des h o m m e s de couleur, qu'en 1791 elle fut proclamée à Bourbon, par la colonie, d'elle-même, et modifiée par un ordre métropolitain, en 1802. Dès 1829, le Conseil général de cette colonie réclama d u ministère l'émancipation civile ; et en 183o, l'unanimité d u Conseil la sollicita entière. Sans attendre les décisions métropolitaines , on toléra les mariages entre les deux classes. D e s h o m m e s de couleur furent faits officiers de milice, leurs enfans admis au collége roval ; en un m o t , le


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