Recueil de divers voyages faits en Afrique et en l'Amerique

Page 49

10

Defcription

Sequado, Holcait, Semen, Saloa, Holeca, & D o b a , qui obeïffent à l'Empereur des Abyffins. Pour commencer par ce qu'il y a de plus important & de plus curieux, non feule­ ment en Ethyopie, mais dans tout le monde, je parleray de la iburce du Nil. 14. Dans le païs des defcendans d'Agar, qu'on appelle Sachala & qui eft dans la partie Occidentale du Royaume de Goiame, il y a une haute montagne dont le cofté Meridional eft fort efcarpé,& dont le cofté Septentrional eft de moins difficile accés. La partie Occidentale eft habitée par des Payens. A trois milles de la fource du Nil il y a une ville appellée Guix. 15. Au haut de cette montagne il y a une plaine fur laquelle il y a encore deux autres montagnes, & dont le diamettre eft d'environ d'une demie lieuë de Portugal, ou d'un mille& de­ ni y d'Italie. Elle eft plantée d'arbres, elle eft affez femblable à une plaine qui eft fur le mont vulgairement appelle le mont creux proche de Tivoli, où l'on dit qu'Annibal campa autresfois avec fon armée. Il y a au milieu de cette plaine un ter­ roir marefcageux plein d'herbes& de rofeaux, à peu prés de m ê m e qu'à Tibur, dans le lieu vulgairement appelle le lac des Ifles flotantes, où la terre tremble fous les pieds,& fait apprehender d'eftre abyfmé. 16. On voit dans ce terroir marefcageux deux fources d'une eau affez claire, dont l'une eft vers l'Occident,& l'autre vers l'Orient. Elles font diftantes l'une de l'autre d'un jet de pierre. Il y a apparence que les montagnes qui font au deffus de cette plaine y répandent de l'eau goutte à goutte,& que cette eau eftant renfermée dans deux trous qui font comme deux ca­ naux formez par les racines des herbes dont nous avons par­ lé , elle monte à ces deux fources, comme par l'impetuoiité de fa chute; de même que les eaux qui tombent de haut remontent par des canaux courbez. Car c'eft comme une tradition parmi les habitans du païs qu'avant que le ter­ roir fut entremêlé de ces racines, il n'y avoit qu'un lac en cet endroit. La fource qui eft du cofté d'Orient eft la plus large, & n(a pas pourtant plus d'un pied& demy de diamettre. On jetra autresfois dedans une lance longue de vingt-qua­ tre palmes, & on ne trouva point le fond, au lieu qu'on le trouva à l'autre.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.