Recueil de divers voyages faits en Afrique et en l'Amerique

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des Palmiers,

&c.

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cune de ces negligences eft de dix Pardaus, qui valent 3. mille rez,qui valent 2 5 . Schelins Sterlin,ou 1 2 . liv.dix fols tournois de noftre monnoye.La grande quantité qu'il y a de ces Arbres dans les Indes, diminuë l'amende. Chaque Palmier bien cultivé , & croiffant dans un bon terroir, rend au Proprietaitaire un Pardau par an. Suivant cette eftimation, chaque Pro­ priétaire fçait à peu prés quel eft le revenu de fes Palmiers, U n e troifiéme maladie attaque cet Arbre, qui n'eft pas un ennemy tout ouvert & fort violent, mais qui eft engendré par la mefme terre qui donne l'accroiffement & la nourriture a la racine de l'Arbre, & n'eft pas une mauvaife reprefentation d'une nourrice, qui par faute de l a i c t , ou qui l'ayant gafté, void fon nourriffon languir par faute d'y avoir pourveu affez à temps, jufqu'à ce qu'il meure. Le Palmier n'eft pas affeuré de ce danger-là, la terre qui le produit, par un long efpace de temps, ou par quelque maligne influence devenant fterile, ce défaut fe communique à l'Arbre, qui devient infirme, vitié, fterile, jufqu'à ce qu'il déchet entierement. Cette intemperie & cette indifpofition de la terre, que le Palmier tire à foy par une vertu attractive, avec l'humidité qui le nourrit, & qui eft portée depuis la racine jufqu'à la ci­ me, fe découvre par un fablon fubtil & rougeâtre, qui paroift en la terre. La maladie ne s'eftend pas feulement dans le corps, mais a u f f ià l'extérieur fur le tronc de l'Arbre. Lors que le Bandarin s'en apperçoit, il eft contraint de faire un grand trou dans la partie faine de l'Arbre, pour empefcher que cette contagion ne pénètre plus avant, comme cela fe pratique dans les gangrenés, ou l'on retranche la partie gaftée de celle qui eft faine ; les parties affedées au dehors font pelées de leur écorce, & dans les endroits où le fablon paroift, l'on y enfonce des fers tout rouges, ces reme­ des n'eftant pas appliquez lors qu'il en eft temps, cet Arbre fi profitable perit. Ces defaftres font accompagnez d'un fecret de nature qui merite que l'on y faffe reflexion. Deux ou trois ans de­ vant cette mort précipitée, l'on dit que ces Arbres font tellement chargez de Cocos ou de N o i x , au de-là de çe qu'ils ont accouftumé d'eftre, que cet excès extraordinaire donne du foupçon aux naturels, & les éveille pour fonger aux maladies qui menacent le Palmier, afin de les preveIi


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