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Relation de l'eftat prefent
trouvent en beaucoup de nos rivieres& de nos étangs : ils vivent de carnage,& font chaffeurs : mais il leur arrive peu fouvent d'attraper les hommes, parce qu'il eft tres-facile de les éviter, ne fe pouvant remuer qu'en devant& en droite ligne, ce qu'ils font avec grande force& grande agilité » mais ils fe tournent tres-lentement & tres-difficilement. Il y en a de dix, de quinze& de vingt pieds de long. Par le dos, ils font tout couverts d'écailles, & impenetrables, & dans le ventre. Ils ont quatre pieds ou nageoires, avec quoy ils marchent en nageant également. On remarque qu'ils ne font jamais aucun bruit, non plus que des poiffons : leur chaffe ordinaire, c'eft de fe tenir couchez fur le bord des rivieres,& de fe jetter fur les beftes ou fur les oyfeaux qui y viennent boire. Ils trompent dautant plus facilement, qu'ils reffemblent fort à une longue piece de bois fec, ou à quelque chofe de mort. Le mal& le dom mage que ces animaux font d'un cofté , eft recompenfé d'ailleurs par l'avantage que l'on tire de leur graiffe, dont il fe fait un onguent excellent pour toutes fortes de dou leurs dans les os ou dans les jointures. Ils ont des bourfes de mufc, plus odorant& plus fort que celuy des Indes Orientales : La fenteur en eft fi grande& fi penetrante,que par là l'on les découvre& les évite avant que de les voir. L e beftailmefme par un inftinct de nature, fent cette odeur, & s'en éloigne. Ils pofent leurs œufs dans le fable proche du rivage. Ces œufs ne font pas plus gros que des œufs de poules-d'Inde. Ils les couvrent,& la chaleur du Soleil les fait éclore. Leurs petits ne font pas plûtoft hors de la c o que qu'ils fe traînent dans l'eau. Quelques endroits de noftre Ifle font incommodez de moucherons ,& de coufins , qui picquent ; mais il y en a peu dans les Colonies Angloifes.