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de l'Ifle de la Jamaïque.
pendant quoy vous pourrez employer vos gens à augmenter voftre allée, à baftir de bons logemens, & à vous faire des jardins pour le plaiftr. Vous les pourrez auffi employer à vous faire du gingembre, de l'indigo, ou de telle autre commo dité que l'on voudra, pour en tirer argent promptement. Ce qui fera utile à ceux qui ne pourraient pas attendre fi long-temps la recolte du Cocos. Apres cela, le profit eft: clair & infaillible, fauf les maladies, la mortalité,& la fuite des efclaves. Cependant il faut auffi confiderer qu'à mefure que cette denrée s'augmentera dansl ' I f l e ,il faudra rabattre un peu du prix, & fe contenter d'un gain plus medio cre.
Beftail du Païs.
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L y a peu de Colonies Angloifes dans toute l'Ameri que , ou il fe trouve autant de beftail que dans la J a maïque. Les chevaux entr'autres y font en fi grand n o m b r e , qu'on y peut avoir un bon cheval pour le prix de neuf ou dix piftolles. Les bœufs & vaches y font de fort grande taille, & en fi grande quantité, qu'encore qu'on en ait tué un grand nombre tous les ans depuis qu'on y eft, il n'y paroift prefque pas. Les afnes& les mulets , tant fauvages que domeftiques, n'y manquent p a s , & l'on en tire beaucoup de fervice. Leurs brebis font grandes , & groffes ; la chair en eft bonne, mais la laine ne vaut gueres, elle eft longue & pleine de poils, Les chevres s'y trouvent fort bien, le pays y eft propre pour les nourrir,& il y en a beaucoup. Les cochons encore plus, tant ceux qui font fauvages dans les montagnes, que ceux qu'on nourrit dans les Colonies. L a chair en eft de bien meilleur gouft, plus nourriffante, & plus aifée à digerer que celle des cochons d Angleterre : ce qui eft la caufe qu'on en mange tant dans cette Ifle, &
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