de l'Ifle de la Jamaïque.
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Il y a quantité de fortes de bois propres aux teintures , comme ceux que nos gens appellent Fuftick le Bois rouge& Lignum-Vitœ ; l'Ebene, le Granadille, avec un grand nom bre d'autre bois odorans, & tres-propres à faire toutes for tes d'ouvrages ; Il y en a tant qu'on n'en fçait pas encore les noms ny les proprietez & les vertus. Cependant on en tranfporte quantité tous les jours. On ne doute point qu'il n'y ait du cuivre dans cette Ifle, car on en a tiré des marcaffites d'une mine qui y eft, & les Espagnols affurent que les cloches de la grande Eglife de faint Jacques, avoient efté faites du cuivre de la Jamaï que. Il eft affez vray-femblable qu'on y pourroit encore trou ver de l'argent, auffi-bien qu'enl'iflede Cuba, & que dans le Continent. On a fait voir aux Anglois un lieu qui eft der riere les montagnes de Cagnay, où l'on dit que les Efpagnols avoient découvert une mine d'argent. Si l'on en croit les E f p a g n o l s , on a fouvent trouvé de l'ambre-gris fur nos coftes. On y pourroit faire tres-grande quantité de fel, car on y voit déjà trois grands eftangs, qui ne contiennent gueres moins de quatre mille arpents. Jufqu'icy pourtant on n'en fait que ce qu'il en faut pour la provifion de lffle mefme. boiffeaux, & le Capitaine Noye qui en eftoit l'entrepreneur, a affuré qu'il en auroit pû faire autant de muids. s'il en avoir eu le débit. On y trouve le falpeftre en beaucoup d'endroits. Le Gin gembre vient mieux icy qu'en aucune autre desIflesvoifines,& l'on y en a planté abondamment. Il y a grande abondance pareillement de poivre long, fi fort eftimé dans t o u t e s Indes Occidentales. Le Piment, ou Poivre de la Jamaïque fe trouve parmy les plantes fauvages dans les bois & fur les montagnes. Il eft prefque fait comme le poivre de l'inde Orientale. Il eft fort aromatique, & d'une odeur auffi bien que d'un gouft ex quis, comme s'il eftoit compofé de diverfes fortes d'efpices : Les Efpagnols en faifoient grand eftat, & le vendoient comme * A iij
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