Recueil de divers voyages faits en Afrique et en l'Amerique

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Relation

de la Guiane.

ton eft une de celles qui les occupent le plus, principalement les femmes qui enfont leur negoce particulier, & qui en ti­ rent de quoy fe parer, le filant pour cela auffi fin qu'on le defire; & fi les defordres n'a voient point empêché d'en fai­ re un negoce reglé comme il eftoit tres-aifé, & que je i'ay pratiqué de mon temps, il auroit efté tres-facile d'en four­ nir toute l'Europe de toutes les manieres, dont il peut eftre employé ; fans que les François s'en donnaffent d'autre pei­ ne que celle de le recevoir, attendu l'inclination naturelle & generale que les Indiennes ont pour le travail & la braverie, eftimans un grain de criftal pour mettre à leur col ou à leurs oreilles autant que nous ferions icy un diamant , ou une perle de pareille groffeur. Les Amacs ou lits de cotton qu'ils nous donnent pour une ferpe ou une hache, fe vendent dans les Ifles trois à qua­ tre cens livres de fucre ; chaque François y a le ften ,& ils ne viennent que de la terre ferme. A u f f icomme chacun fçait que c'eft une des marchandifes qui fe confomment le plus en Europe, & dont le prix varie le moins, les habitans des Ifles n'en auroient jamais abandonné la culture s'ils avoient eu des femmes pour le filer , fans quoy le tranfport ne s'en fçauroit faire qu'avec beaucoup d'embarras,& peu de profit. Le Rocou eft une teinture de prix , lors qu'elle eft natu­ relle , comme les Indiens nous l'apportent, & qu'elle n'a point encore efté falfifiée par les étrangers qui nous la vendent. Nous tirons d'eux encore diverfes fortes de gomes, de bois & France, auffi bien que des bois propres aux teintures , à la fabrique des cabinets ;& à la marqueterie, entre lefquels eft le bois de Lettre qu'on appelle icy vulgairement bois de la Chine, & que les Hollandois appellent, Lettre Hous, & qui ne croift en aucun autre lieu du monde qu'en cet en­ droit du Continent. Les naturels du païs le coupent & le portent à fort-fait jufques aux vaiffeaux, à fi grand compte que le millier pefant ne revient pas à un écu, & s'eft long­ temps vendu cent écus le millier, & jamais moins de cent cinquante livres. Outre les animaux de plaifir, comme font les Guenons, Singes, Perroquets, Arras, Sapajoux, Tama-


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