HISTOIRE DE
DES
L'ISLE
BARBADES
perfonnes raifonnables, au juge ment defquelles je défere beaucoup, & auquel je me foûmets avec joye,m'ayant accufé d'impru dence pour m'eftre embarqué dans un âge dé jà avancé, fans jamais avoir efté fur M e r , ny fçavoir à quelles incommoditez on eftoit fujet pour aller d'Angleterre aux Barbades, j"ay crû devoir leur dire que je m'eftois déjà condamné moy-mefme, & contraint de le quitter. Car ayant perdu ( par une barbarie fans exemple) tout ce que j'avois peu amaffer par mon travail & par mes foins pendant ma jeuneffe, je me trouvay par ce moyen dépoüillé de tout ce que j'avois, & réduit à l'extremité fans fçavoir dequoy fubfifter, en forte qu'il faloit mourir de faim o u s'enfuïr. LUSIEURS
Dans cette fafcheufe rencontre, je fongeay à mes A m i s , parce que ce font ordinairement ceux qui peuvent fecourir un homme qui fe void dans une condition chancellante, & qui le peuvent relever lors que la fortune luy eft contraire, Mais je n'en trou vay pas un, ou fort peu, que la douleur & l'affliction n'euffent abbaiffé & ruiné entierement, que le banniffement n'euft efloigné, & que la mort n'euft engloutis. De forte qu'au lieu de recevoir de la confolation & du foulagement de ces perfonnes-la