Recueil de divers voyages faits en Afrique et en l'Amerique

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delaRiviere du Nil,

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l'empefchent de pafler plus outre, l'autre fource a environ feize Palmes de profondeur. Depuis la plus grande de ces Fontaines l'on void un Bois agreable à la veué, qui s'eftend en droite ligne & femble fuivre le cours de l'eau, qui quoy qu'il paffe fous terre, en laiffe neantmoins la trace facile à fuivre par fa fortie où il vient à fe faire revoir à un peu plus de cent pas delà ; dans cet endroit, la quan­ tité de l'eau eft ft peu confiderable, qu'elle ne fait qu'un petit Ruiffeau, qui fe groffit tout auffi-toft par l'ayde d'autres fources dont les eaux coulent dedans. A un peu plus de trois jour­ nées de la fource, la Riviere eft large,& affez profonde pour porter des Vaiffeaux,& fi large que je doute qu'un homme bien robufte puft jetter une pierre d'un cofté à l'autre. A un peu plus de cent pas de ce lieu-là, ce Fleuve coule tellement au travers des Rochers, qu'en l'an 1629. je le paffay fans me mouiller le pied : Dans mon voyage du Royaume de Gojama en la Province de Dambeha, il y avoit plufieurs paffagers, & peu de ces batteaux, que je décriray tantoft, mes c o m ­ pagnons & moy marchans le long des bords du Fleuve,& tans d'une pierre fur l'autre, nous paffâmes à fce de l'autre cofté; ce que firent auffi immediatement après plufieurs autres, qui nommerent cet endroit le partage du Pere Jeronime, par­

Kercherio Oed AEgip.Tom. 1 Cap. 7 . p. 57' Fons Nili ficus i n f u m mitate u n i u s v a l l i s , quae af. fimilatur in. genti c a m p o jugis montiu undique circ û d a t o . Ibid.

ce que je fus le premier qui le découvris,& qui entrepris de le pafler. C'eft le paffage du Nil le plus ordinaire& le plus fréquenté des Voyageurs, qui viennent de la Cour & de la Province de Dambeha pour aller au Royaume de Gojama, le Terrtitoire s'appelle Bed, l'on paffe la Rivière dans des batteaux qui ont une pompe avec un gouvernail, qui font faits d'une groffe& épaiffe natte fortement jointe& attachée enfemble, mais neantmoins Navigatie hic nulla nifi n'eftant pas exempte d'eftre déchirée en pieces, comme il arri­ cymbis papi­ ; quas ve fouvent, les paffagers demeurent dans l'eau, on les conduit raceis ipfi T a n c o a s avec de longs baftons ronds, parce qu'ils n'ont pas l'ufage ny appellat. Vof. fini de Origila connoiffance d'autres fortes d'Avirons, ils peuvent tenir en­ ne Nili Cap. viron dix perfonnes avec quelques hardes. Il y en a plufieurs 1 6 . p . 5 5 . Conficitur qui le paffent à la nage, comme font tous les animaux,& tant bibula MemhitisCymb» les hommes que les beftes courent rifque de la v i e , à caufe ppapyro ludes Chevaux Marins& des Crocodiles, qui fe nourriffent les can.

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