Recueil de divers voyages faits en Afrique et en l'Amerique

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de l'Ifte des Barbades.

149 nier fuc, mais ce qu'ils en font eft parce qu'ils ont fort peu de Cannes de Sucre en Efpagne, mais comme nous en avons une quantité beaucoup plus grande qu'eux, cela fait que nous ne vou­ lons pas nous en donner la peine. Aprés que les Cannes ont paffé & repaffé fous le rouleau, il y a de jeunes filles Negreffes, qui les emportent, & les mettent dans un monceau, à environ foixante pas delà, & en font comme une g r o f f emontagne, fi l'ouvrage a duré long-temps. A u deffous des rouleaux il y a un Recipient auffi gros qu'une grande A u g e , où tombe la liqueur, mais qui n'y refte pas, mais tombe fous terre dans un tuyau ou gouttiere de plomb, bien clos par deffus, qui la porte dans la Cifterne, qui eft attachée prés des degrez, par ou l'on va du Moulin au lieu où l'on fait cuire le Sucre. Mais il ne faut pas qu'il demeure en cette Cifterne plus d'un j o u r , de peur qu'il ne s'aigriffe, de là il doit paffer par un tuyau attaché à la muraille, dans la Cuve où il fe doit repofer & cla­ rifier jufqu'à ce qu'on en ait befoin, & felon que l'ouvrage s'a­ vance , & à mefure qu'il fe clarifie dans la Cuve, & que l'efcume s'élève, il en fort par un paffage ou par une gouttiere faite exprés : comme auffi de la féconde C u v e , lefquelles deux efcumes ne valent pas la peine qu'on les diftille, parce que l'efcume en eft falle & groffiere, mais les efcumes des trois autres Cuves font conduites dans le diftillatoire, pour y eftre dans les Cifternes, jufqu'à ce qu'elles foient un peu aigres, car jufqu'alors elles ne s'éleveroient point jufqu'au bord. L'on remué & l'on clarifie cette liqueur d'une Cuve dans une autre, & d'autant plus qu'elle paffe par diverfes Cuves, d'autant plus elle fe clarifie & devient plus pure, eftant tirée continuelle­ ment avec des cueilleres à pot, & efcumée avec des Efcumoires, que les Nègres tiennent en leurs mains, jufqu'à ce qu'enfin on en vienne à la cuite, où il y a beaucoup de peine à la faire cuire, & à la remuer ; & pendant qu'elle cuit, l'on jette dans les quatre dernières Cuves une liqueur faite d'eau & d'Oziers, qu'ils appel­ lent T r e m p e , fans quoy le Sucre demeure toujours dans une fubftance viqueufe & ne fe coaguleroit jamais. L'on en met fort peu, mais comme elle eft afpre & aigre elle change la du Sucre & la fait cailler & fe feparcr ; ce qui fe remarque en tirant quelques gouttes qu'on laiffe refroidir, qui tout auffi-toft s'endurciffent, & alors elle eft affez cuite. Après cet effay ils jettent deux cueillerées d'huile d'Olive dans T iij

vifcofite


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