Recueil de divers voyages faits en Afrique et en l'Amerique

Page 113

del'Ifledes Barbades.

105

Lors qu'ils en apperçoivent quelqu'autre de la mefme efpece qu'eux, à quelque diftance delà, contre qui ils font en colere, ils s'enflent & deviennent un peu plus gros, & changent leur c o u ­ leur de verd en rougeaftre ou feüille-morte, ce qui diminue beau­ coup de leur beauté ; car leur verd eft fort beau & fort agreable à voir : ils font auffi froids que des Grenoüilles. Outre ces animaux-là il y a encor des Cockroches, qui eft un animal de la groffeur & de la forme d'un Efcarbot, mais d'une vraye couleur de feüille-morte, ce qui ne luy fieroit pas mal, s'il n'avoit la gueule trop grande & toûjours beante, qui le rend laid & il veut il vole dans voftre lict, lors que vous d o r m e z , & vous mord la peau, jufqu'à ce qu'il en tire du fang, fi vous n'y pre­ nez garde, que fi vous prenez une chandelle pour le chercher, il s'efchape & fe cache c o m m e font les Punaizes en Italie. Les Negres qui ont la peau dure, & qui à caufe de leur grand travail dorment profondement la nuit, s'en trouvent mordus fi profon­ dement , que leur peau en eft entamée de plus de la largeur des deux mains, de forte que cela femble avoir efté fait avec une Eftrille. apres ces tourmenteurs-là viennent les Moufquittes, qui mor­ dent & piquent plus fort que les Moufcherons qui piquent le beftail en Angleterre, & qui fe trouvent ordinairement dans les terres marefcageufes, Il y a encor ceux que nous appelions Merrings (c'eft à dire gaillardes aifles) qui font d'une efpece fi petite, & fi mince & fi aëriens, qu'à peine les peut-on difcerner, que par le bruit de leurs aifles, qui eft comme celuy d'un petit C o r fort efloigné. L à où ilspiquent il s'y efleve une petite boffe groffe c o m m e un pois, qui dure tout un j o u r , en forte que la marque y paroift plus de Vingt-quatre heures. Nous y avons par fois auffi un grand nombre de Chenilles, qui y font de grands dommages, car elles fe jettent fur les feüil­ les de nos Patates, & les devorent toutes, & defcendent mefme jufqu'aux racines : le feul remede que nous avons eft de conduire une troupe de Cocqs-d'Inde dans le lieu o ù elles font, qui les mangent & les exterminent. Le dommage que cette vermine nous fait eft double ; le premier dans le feüillage de nos Patates qui fert de nourriture à nos Chevaux, & qu'on jette dans leur mangeoire, comme auffi dans les racines mefme que nous manO


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.