Recueil de divers voyages faits en Afrique et en l'Amerique

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Hiftoire

Ils volent par troupes, & font fort mal faifans, car ils font un grand degaft des bleds, & des jettons des Arbres, de forte que les Infulaires voudraient qu'ils fuffent tous exterminez , quoy qu'ils ne fçachent c o m m e quoy en venir à bour. C'eft une efpece d'eftourneaux, car ils marchent& ne fautcllent pas c o m m e les autres Oyfeaux, J e remarque en ces Oyfeaux-là ce que je n'ay point veu en d'autres, qui eft que lorsqu'ils voilent, ils mettent leur queue en diverfes poftures ; par fois ils la tiennent droite c o m m e les autres Oyfeaux, par fois ils la tournent en biais, c o m m e la queuë d'un Poiffon, & tout auffi-toft la tournent en triangle, le plumage de deffus au haut, & le cofté renverfé en bas. Il y en a encor un autre de la couleur d'une Grive, mais la tefte en eft un peu trop groffe pour le corps, c'eft pourquoy on luy donne le nom de Confeiller, fon vol eft extremement mig n a r d , & pour fon chant il eft t e l , que je n'en ay point oiiy de femblable; non pas à caufe de fa douceur, mais à caufe de fa rareté, car il fait de fa v o i x , ce qu'on ne fçauroit faire avec quel­ que Inftrument que ce foit, ny nulle autre voix que la fienne ; qui eft de quarter les notes, fon chant eftant compofé de cinq t o n s ,& chacun un quart de note plus haut que l'autre. L e Sieur J e a n Coprario excellent compofiteur e n Mufique, & m o n intime a m y , me dit une fois, qu'il eftudioit quelque chofe d'extraor­ dinaire en Mufique,& que perfonne n'avoit encor entrepris jufqu'à prefent, qui eftoit des quarts de notes, mais n'en ayant pû venir a bout, il en abandonna la recherche, que s'il euft vefcu affez pour venir avec moy aux Barbades, cet Oyfeau l'aurait pu inftruire & luy enfeigner ce qu'il cherchoit. D e cette groffeur il y en a peu qui foient cinfiderables, c o m m e des M o i n e a u x , des Chardonnerets, des Pinfons,& divers autres dont je ne fçay pas les noms. . Mais le dernier& le plus extraordinaire de t o u s , eft celuy qu'on appelle l'Oyfeau Bourdonnant, qui eftbeaucoup plus petit qu'un Roytelet, & gueres plus gros qu'un Lambin. L e corps en eft long, les aifles petites& rudes, d'un verd-brun,& peu agreable, il fe nourrit tout de mefme qu'une Abeille, mettant fon bec dans un bouton ou dans une fleur, dont il tire le fuc auffi legerement que fait une Abeille, fans jamais s'arrefter, mais fe trémouffant toû­ jours avec les aifles pendant tout le temps qu'il demeure fur fa fleur, outre que le mouvement de fes aifles eft auffi leger & prompt


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