Recueil de divers voyages faits en Afrique et en l'Amerique

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de l'Ifle des Barbades.

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tes, & que leur pefantcur les faffe plier ou les r o m p e , il eft i m poffible de les r a c c o m m o d e r , mais il en faut mettre d'autres, & ce­ pendant l'ouvrage s'arrefte ; car toutes ces chofes-là dépendent les unes des autres, c o m m e les Roués d'une Horloge. Que fi les Diftilatoires manquent , le breuvage qui s'y fait viendra auffi à manquer ; mais le plus grand empefchement qui s'y trouve , eft la perte de nos Beftiaux, car il y arrive par fois de telles maladies entr'eux, que j'en ay veu mourir dans une feule habitation plus de trente en deux jours. }'ay auffi oüy dire qu'un des principaux Habitans ayant fait défricher une douzaine d'Arpens de terre,& les ayant fait enclore pour fervir de pafturage, & y mettre fes Bœufs de labeur quand l'herbe feroit grande, auffi-toft qu'ils y furent, dans une nuit il en mourut cinquante ; de forte que des pertes de cette nature-là font capables de ruiner le Maiftre d'une habitation, qui n'a pas grand fonds. L ' o n n'a pu encor decouvrir la caufe de ces maladies, fi c e n'eft qu'il faut qu'il y ait des plantes dont la qualité foit veneneuf e , & l'on n'a point encor trouvé non plus de remede pour les guerir, autre que les tripes de poulets, hachées bien menuës , qu'on leur fait avaller avec une corne dans quelque liqueur pro­ pre pour humecter & les faire couler, quoy qu'il y en ait fort peu qui en ayent efté gueris. N o s Chevaux font auffi fujets à des maladies mortelles entr'­ eux; quelques-uns ont efté gueris par le moyen des Clifteres qu'on leur donne avec de gros Tuyaux o u Siringues de bois faites ex­ prés. Quant aux maladies ordinaires, tant des Chevaux que du Beftail, ce font des obftructions & douleurs d'entrailles, qui eft une maladie fi languiffante, que ceux qui en gueriffent devien­ nent prefque à rien devant que de guerir. De forte que fi quelqu'un de ces empefchemens arrive & du­ re l o n g - t e m p s , le Beftail ne peut pas eftre fecouru dans le temps qu'il faut , & l'ouvrage s'arrefte , & par ce moyen les Can­ nes deviennent trop meures , de forte qu'en peu de temps leur fuc fe deffeche, & elles ne valent pas la peine qu'on les faffe moudre. Or pour fubvenir aux defauts de tous ces Beftiaux, Chevaux, Chameaux & Afnes, qui font fujets à tant d'accidens& de per­ tes, il faut s'adreffer aux Marchands, fe pourvoir de Navires,


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