Voyage au Brésil

Page 84

48

VOYAGE AU

BRÉSIL

manteau les cicatrices du rocher, ou bien il est, de la base au sommet, couvert de caféiers. E n galopant ainsi sur la route, nous assistons souvent à des scènes aussi amusantes que pittoresques. Tantôt c'est une troupe de mulets de charge, tropeiro (muletier) en tête, par bandes de huit chacune, menées par un homme. Le conducteur de la diligence sonne du cor pour prévenir le convoi de notre arrivée; le désordre se met dans la troupe, et jurons, coups de fouet, ruades de s'ensuivre jusqu'à ce qu'enfin les mules se soient rangées pour faire place à la voiture. Ces convois de mulets commencent à devenir rares; près de la côte, les chemins de fer et les routes s'allongent et se multiplient, rendant ainsi les transports plus faciles; mais, jusque dans ces derniers temps, c'était la seule manière d'apporter à la ville les produits de l'intérieur. Ailleurs nous tombons au milieu d'une suite de chariots campagnards faits de bambous entrelacés. Enfin, à chaque instant, sur le bord de la route u n groupe d'ouvriers ayant suspendu le travail prépare son dîner; les marmites pendent au-dessus du feu, la cafetière chante sur les tisons, et les hommes au repos, dans toutes les attitudes, font songer à un campement de bohémiens. A Posse, troisième relais, nous avions fait près de cinquante kilomètres, et l'on s'arrêta pour déjeuner. Véritablement ces trois heures de route nous avaient mis en appétit. L'habitude presque constante des Brésiliens en voyage est de prendre en se levant une tasse de café noir qui leur suffit jusqu'à dix ou onze heures; ils déjeunent alors un peu plus solidement. On nous servit d'abord des haricots noirs (feijoës), préparés avec


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.