Voyage au Brésil

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VOYAGE AU BRÉSIL

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nuages : tout cela forme un merveilleux tableau. Mais le grand charme du paysage c'est q u e , malgré son étendue, il n'est pas assez lointain pour que les objets perdent leur individualité. La pointe du pic est entourée d'une muraille, car, sauf d'un côté, la paroi est presque verticale et le moindre faux pas vous précipiterait à une mort certaine. C'est là que nous mîmes pied à terre, et longtemps nous regardâmes, ne voulant pas quitter ce magnifique spectacle avant le coucher du soleil. Le retour, après la nuit tombée, nous inspirait cependant quelque inquiétude, et je confesse que, pour ma part, écuyère timorée et novice, je ne songeais pas sans anxiété à la descente, car la dernière partie du sentier glissant n'avait été gravie que par pure escalade. T o u tefois, prenant mon parti en brave, je me rassis et j'essayai de regarder, tout comme si grimper à cheval au sommet des hautes montagnes et me laisser glisser ensuite jusqu'au fond des abîmes m'eût été chose familière. Notre descente pendant les dix premières minutes ne fut réellement qu'une glissade; mais, enfin, nous reprîmes, à la station appelée les Paineïras, le petit chemin en pente douce et regagnâmes la plaine sans accident. Le 12 mai, nous sommes partis de Rio pour aller à Pétropolis et à Juiz de Fora. Il y a douze ans, le seul moyen de se rendre dans l'intérieur en partant de Pétropolis était un étroit sentier à mulets, rompu, dangereux 1

1. Nos lecteurs se rappelleront ici q u ' e n 1846, Mme Pfeiffer et le comte Berchthold m a n q u è r e n t d'être assassinés sur le c h e m i n de Pétropolis par u n nègre furieux. (Voyages autour du monde, p . 24 de notre a b r é g é . ) — A cette é p o q u e , Pétropolis n'était pas la résidence d'été d'un e m p e r e u r . — J . - B .


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