VOYAGE AU
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BRÉSIL
noirs (urubus) descendent par milliers sur la banlieue de la ville, principalement sur l'abattoir (matadouro), et, le soir venu, se retirent dans les montagnes du v o i sinage, leur vol passant au-dessus du palais de SaintChristophe. Dès q u e la lumière commença à d i m i n u e r , ces oiseaux devinrent inquiets ; évidemment ils avaient conscience que la journée avait été singulièrement écourtée; ils eurent donc sur ce qu'ils devaient faire u n m o m e n t d'incertitude. T o u t à coup, cependant, les ténèbres ne faisant que croître, ils partirent pour leurs retraites nocturnes, les oiseaux aquatiques se dirigeant vers le sud, les vautours filant dans la direction o p posée, et tous avaient quitté le lieu où ils cherchent habituellement leur n o u r r i t u r e avant que l'obscurité fût le plus intense. Ils semblaient avoir u n e hâte extrême de regagner leurs demeures, mais ils n'étaient pas à moitié chemin q u e le jour commença à reparaître. Il a u g m e n t a , la lumière s'accrut rapidement, et la confusion des oiseaux fut alors au comble. Q u e l ques-uns continuèrent leur vol vers les montagnes ou vers la baie, d'autres rebroussèrent c h e m i n , tandis q u ' u n certain nombre tournoyaient indécis dans l'espace. Bientôt le soleil resplendit au méridien et, son éclat les d é c i d a n t e recommencer une nouvelle journée, la troupe t o u t entière reprit à tire-d'aile la direction de la ville. » r s
26 avril. — Nous voici débarqués. M C . . . et moi nous avons consacré cette matinée à nos petits a r r a n gements domestiques : nous avons déballé nos livres, nos pupitres et tous nos « bibelots; » enfin n o u s avons t r a vaillé à faire u n « chez nous » de l'appartement é t r a n ger où nous pensons bien avoir à passer plusieurs