Voyage au Brésil

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VOYAGE AU BRÉSIL

violence des pluies qui viennent enfin de commencer, l'état sanitaire n'est pas des plus satisfaisants. La fièvre jaune règne, et elle a fait déjà un assez grand nombre de victimes, quoiqu'elle n'ait pas encore, assure-t-on, pris un caractère épidémique. Une autre maladie plus fatale court en outre : une dyssenterie maligne, qui ravage aussi bien la campagne que la ville depuis deux mois. Nous avons donc fait tous nos efforts pour hâter les préparatifs de notre excursion dans l'intérieur, mais l'entreprise n'est rien moins que facile. 6 avril. — Pacatuba, au pied de la Serra de Arantaha. — Nous nous sommes enfin mis en route, le 3, dans l'après-midi. La manière dont on voyage et le caractère des gens du pays ne permettent pas d'accomplir une excursion avec promptitude et ponctualité. Tandis que nos préparatifs se faisaient, tous les voisins, toutes les connaissances venaient flâner chez nous pour voir comment marchaient les choses. L'un conseillait de remettre le départ jusqu'au surlendemain, à cause de quelque accident arrivé aux chevaux; l'autre voulait qu'on attendît une semaine ou deux pour avoir meilleur temps. Ce calme imperturbable qui se place audessus des lois auxquelles le reste de la pauvre h u m a nité est sujette, cette ignorance de la grande maxime tempus fugit, voilà de quoi exaspérer vraiment un homme qui dispose à peine de la quinzaine intermédiaire entre deux passages du paquebot pour faire son voyage, et qui sait, de reste, que le temps est toujours trop court pour ce qu'il a en vue. Ce n'était pas qu'on ne prît grand intérêt à nos projets; au contraire: nous avons rencontré ici, comme partout, la sympathie la


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