Voyage au Brésil

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VOYAGE AU BRÉSIL

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dans nos pérégrinations autant de cas de fièvre intermittente qu'on en rencontre infailliblement lorsqu'on navigue sur nos grandes rivières de l'ouest aux EtatsUnis. Le parcours de l'Amazône propre est devenu désormais chose facile à quiconque voudra se résigner à endurer la chaleur et les moustiques, pour jouir de la vue du plus grand fleuve du monde et de la splendide végétation tropicale qui croît sur ses bords. Juillet, août, septembre et octobre sont, dans cette région, les quatre mois les plus secs et les plus salubres. Nous avons eu une rude et mauvaise traversée de Para à Céara. La pluie, qui n'a pas cessé, rendait le pont intenable, et l'eau pénétrait jusque dans les cabines ; il fallait à chaque instant balayer et essuyer le parquet de la salle à manger. Nous sommes arrivés en rade de Céara le samedi 31 mars à deux heures, et nous espérions débarquer de suite. Mais la mer était très-forte, la marée contraire, et durant tout le jour pas une jangada — ce singulier radeau qui tient lieu de canot — ne s'est aventurée à venir accoster notre paquebot secoué par le ressac. Céara n'a pas de port et la mer brise avec violence le long de la plage de sable qui s'étend sur le front de la ville. Cette circonstance rend l'abord de la côte impossible aux canots par les gros temps ou dans certaines conditions de marées. Les jangadas seules (catimarons) peuvent braver les vagues qui passent sur elles sans les couler. Vers neuf heures du soir, une embarcation de la douane accosta, et, malgré l'heure avancée et la grosse mer, nous nous résolûmes à débarquer, car on nous assurait que, le lendemain matin, la marée serait contraire et que, si le vent continuait, il serait fort diffi-


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