Voyage au Brésil

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VOYAGE AU BRÉSIL

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tainement, ce sont là, pour des sauvages, des occupations fort civilisées. C o m m e ils ne parlent pas portugais, nous ne pouvons causer avec eux que par l'intermédiaire de l'interprète ou de M. Coutinho. Ils répondent plus volontiers et paraissent plus disposés à causer que lorsque nous les vîmes pour la première fois. Mais, q u a n d on adresse la parole à la femme ou qu'on lui offre quelque chose, elle se tourne invariablement vers son m a r i , comme si toute décision devait venir de lui. O n pourrait croire que le bariolage de ces Indiens doit nécessairement faire disparaître toute trace de beauté physique. Cela n'est pas exact pour le couple que nous avons sous les yeux. Les traits sont fins; la charpente est solide et carrée, mais non pas lourde; et il y a dans le port même une sorte de dignité passive qui se sent en dépit du tatouage. Je ne sais rien de plus calme que la physionomie de l'homme : ce n'est pas stupidité obtuse, l'œil est observateur et dénote la sagacité; mais le regard conserve une expression de tranquillité telle qu'on ne peut pas imaginer qu'il en ait eu jamais ou qu'il en doive avoir u n e autre. L a figure de la femme a plus de mobilité : elle s'éclaire de temps en temps d'un sourire, et les traits ont une douceur aimable ; même les lunettes peintes ne détruisent pas la suavité et la langueur du regard, expression commune chez les femmes de race indigène et, semblerait-il , caractéristique des Indiennes appartenant aux tribus de l'Amérique du Sud ; car H u m b o l d t l'avait déjà observée chez les peuplades des provinces espagnoles situées au nord du Brésil. Le major Coutinho nous apprend que le tatouage n'a rien d'arbitraire et ne dépend pas du caprice i n d i -


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