Voyage au Brésil

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VOYAGE AU BRÉSIL

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tants sont tous décemment vêtus, dans le costume i n variable des Indiens civilisés : les hommes en pantalon et chemise de cotonnade; les femmes en jupe de calicot et chemisette flottante, leurs cheveux noirs ramenés et réunis sur le sommet de la tête, au moyen d'un peigne semi-circulaire, tellement placé en avant que le bord en vient presque sur le front ; sur les côtés de ce peigne sont fixées quelques fleurs. Je n'ai jamais vu de femme indienne qui ne fût ainsi coiffée. Ces produits des manufactures étrangères arrivent jusqu'aux établissements les plus retirés de la forêt, dans la pacotille des trafiquants ambulants q u ' o n appelle « regatoes, » et qu'on signale comme les pires agents de la corruption des I n diens. Notre visite à l'église terminée, la population tout entière, hommes, femmes et enfants, nous accompagna en bas, sur la plage, pour recevoir les présents dont le Président fit en personne la distribution. C'étaient, pour les femmes, des bijoux de clinquant dont elles raffolent, des vêtements de cotonnade, des colliers, des ciseaux, des aiguilles, des miroirs; puis, pour les hommes, des couteaux, des hameçons, des haches et d'autres instruments de travail; enfin une grande variété de menus objets et de joujoux pour les enfants. Bien que ces bonnes gens soient pleins de cordialité et de bienveillance, ils conservaient l'impassibilité qui caractérise leur race. Je n'ai pas vu u n changement d'expression sur une seule figure, je n'ai pas entendu u n mot de gratitude ou de plaisir. Une seule chose parvint à provoquer le sourire : fatiguée d'être debout et exposée au soleil, je m'assis parmi les femmes, et, comme la distribution des cadeaux se faisait rapidement, je fus


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