Voyage au Brésil

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VOYAGE AU

BRÉSIL

dont le chant est toujours un peu triste, même quand les paroles en sont gaies. Peu à peu nous tombâmes tous dans une sorte de rêverie confuse, si bien qu'un silence presque absolu régna jusqu'à la fin du voyage. Mais, comme nous approchions de la plage où nous devions débarquer, les sons d'un orchestre de cuivre éclatèrent tout à coup, couvrant les violes plaintives, et nous vîmes s'avancer vers nous une grande pirogue remplie de jeunes garçons. C'étaient les orphelins de l'école indienne que nous avions visitée lors de notre précédent passage à Manaos. Leur bateau faisait u n effet charmant sous les rayons de la lune ; et nous aurions pu croire qu'il allait couler sous le poids de toutes ces ombres, uniformément vêtues de blanc, q u i s'étaient levées à notre approche. C'est ainsi que notre partie de campagne finit au clair de la lune et au son des fanfares. 4 novembre. — Manaos. — La monotonie de notre vie habituelle a été interrompue par une promenade à la Grande-Cascade. Nous sommes allés y passer la journée entière avec quelques amis. Éveillés avant l'aube, nous étions en route à six heures du m a t i n , suivis de domestiques qui portaient de grands paniers chargés de provisions. Cette promenade matinale, dans le bois encore couvert de rosée, a été charmante ; avant que la chaleur du jour se fît sentir, nous sommes arrivés à la petite maison bâtie près de la cascade, au milieu d'une clairière, sur un coteau au pied duquel coule la rivière, q u i tombe du haut d'une mince plateforme rocheuse. La chute peut avoir trois mètres. Par son mode de formation, cette cascade est un Niagara en miniature : les couches inférieures de la roche, plus


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