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VOYAGE AU
BRÉSIL
pas des défauts sous u n tel climat. La pièce où nous avons pris nos quartiers, à la fois la chambre et le salon, est une très-longue et haute salle, ouverte, par nombre de portes et de fenêtres, sur u n vaste enclos qu'on appelle poliment le jardin; en réalité, un champ inculte envahi par les herbes folles et où sont épars quelques arbres, mais qui n'en forme pas moins une charmante arrière-cour donnant de l'ombre et de la verdure. Au fond de l'immense salle, sont accrochés nos hamacs et rangées nos malles, nos caisses, etc. A l'autre bout, deux tables à écrire, u n fauteuil-balançoire à l'américaine, qui semble sortir de chez quelque fermier du Maine, une chaise de voyage et deux ou trois autres meubles donnent à ce coin de l'appartement u n certain air d'intérieur et en font même u n salon très-confortable. Il y a plusieurs autres pièces dans notre vieux château branlant, aux hautes murailles nues, aux combles sans plafond, aux pavés de b r i ques sur lesquels trottinent les r a t s ; mais celle-ci est la seule que nous ayons entrepris de rendre habitable, et vraiment j'y trouve, à cette heure, u n e très-heureuse combinaison de l'intime et du pittoresque. 26 octobre. — Hier m a t i n , pour première p r o m e nade, nous sommes allés voir un charmant petit recoin de la forêt, dont les habitants de Manaos vantent beaucoup l'attrait. O n y va prendre le bain, dîner en plein air et goûter tous les plaisirs champêtres. On appelle ce joli endroit la petite cascade pour le distinguer d'un autre, encore plus pittoresque, paraît-il, situé à deux kilomètres de l'autre côté de la ville, et où se trouve une chute d'eau plus considérable. En trente minutes, les rameurs nous amenèrent, en suivant les capricieux