Voyage au Brésil

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VOYAGE AU

BRÉSIL

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être relevé. Comme le terrain sur lequel ils vivent est submergé, les Indiens élèvent souvent leur chaumière sur des pilotis et nous avons ainsi, reproduites sous nos yeux, les vieilles constructions lacustres dont on parlait tant il y a quelques années. Parfois même u n petit jardin, suspendu de cette manière au-dessus de l'eau, avoisine la maisonnette. Mais reprenons notre promenade. U n des Indiens nous invite à la prolonger jusqu'à sa case q u i , dit-il, est u n peu plus loin dans la forêt. Nous nous décidons sans peine, car le sentier qu'il montre du doigt est des plus attrayants et s'enfonce dans la profondeur du bois. Il nous précède, et nous marchons à quelques pas en arrière. A chaque instant il faut franchir sur u n tronc d'arbre quelque petit canal, aussi ne suis-je pas trèsrassurée. Mon guide s'en aperçoit ; vite il coupe une longue perche sur laquelle je puis prendre u n point d'appui, et me voilà plus brave. Mais bientôt nous arrivons à un endroit où l'eau est si profonde que ce bâton se trouve trop court, et, le tronc arrondi sur lequel je dois passer branlant et roulant u n peu, je n'ose plus avancer. Alors, frappé d'une idée subite, notre homme fait signe d'attendre, puis, remontant le canal de quelques pas, il détache son canot, le fait filer jusqu'au point où je suis et me porte sur la rive opposée. Tout en face était sa jolie et pittoresque cabane : il m'amena ses enfants et me présenta sa femme. Ces pauvres gens ont une courtoisie naturelle vraiment séduisante. Quand, après avoir pris congé, nous remontâmes en canot, nous pensions devoir simplement traverser l'eau ; mais l'Indien tourna la proue de sa légère embarcation dans le sens du courant et s'enfonça dans la forêt. Je


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