Voyage au Brésil

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VOYAGE

AU

BRÉSIL

mence par u n e longue file de prêtres et de gens d'église portant des cierges allumés, des pyramides de fleurs, des bannières, etc.; puis vient le saint sacrement, sous une draperie de satin blanc broché d'or que soutiennent des bâtons massifs; ces bâtons sont portés par les plus hauts dignitaires du pays, par l'Empereur lui-même et par son gendre, le duc de Saxe. Suit à cheval, par le plus étrange contraste, u n mannequin de grandeur naturelle représentant saint Georges. La raide, gauche et grossière image est accompagnée d'écuyers à cheval, presque aussi grotesques et aussi ridicules. Enfin, la marche est close par un certain nombre de confréries laïques, analogues aux francs-maçons ou aux compagnons du devoir. Les classes éclairées de la société brésilienne parlent de cette procession bizarre comme d'un vieux legs des Portugais, dont la signification s'est perdue pour eux-mêmes et qu'ils verraient volontiers disparaître de leurs usages ; comme d'une chose, enfin, qui n'est plus de ce temps. Nous sommes revenus à Juiz de Fora dans la soirée du 22 et, le lendemain, au point du jour, nous en sommes partis pour la fazenda de M. Lage, qui est située à environ quarante-huit kilomètres plus loin. Nous formions une joyeuse troupe composée de la famille de M. Lage, de celle de son beau-frère, M. Machado, auxquelles s'étaient joints un ou deux amis, et de nous. Les enfants n'en pouvaient plus de joie; une visite à la fazenda est pour eux un événement rare, et par conséquent u n e grande fête. La journée était admirable; le chemin serpentait le long de la serra, dominait les magnifiques perspectives de l'intérieur et les caféries qui couvrent le flanc des collines, où la hache


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