Géographie complète et universelle. Tome 4

Page 98

432

LIVRE QUATRE-VINGT-DOUZIÈME.

limant; ils professent une espèce de mahométisme, emploient beaucoup de mots arabes, et se servent de l'alphabet arabique. Leurs marabouts ou ermites font de très-longs voyages de commerce, et reçoivent des visites des marabouts maroquins et barbaresques ; l'intérieur de l'Afrique leur est bien connu ; la traite des nègres est dans leurs mains. Cette nation règne depuis l'an 1100 sur le riche royaume de Bambouk. Les voyageurs s'accordent à considérer la nation mandingue comme la plus nombreuse de toutes celles qui habitent les bords de la Gambie. Selon quelques-uns, les Mandingues sont des nègres vifs et enjoués qui passeraient la journée à danser au son de leurs tambours et de leurs balafos, en faisant les sauts et les postures les plus bizarres. La plupart portent une épée sur l'épaule droite ; d'autres n'ont que leur sagaie et un dard long de 1 mètre ou bien un arc et des flèches. Tous ont un couteau suspendu à leur ceinture. Leur adresse est extrême à manier toutes ces armes. On distingue aussi facilement les Mandingues et les Feloups, qui leur sont soumis, à leur nez plat et à leurs grosses lèvres, que les Yolofs à la beauté de leurs traits. Lorsqu'un enfant vient au monde, on le plonge dans l'eau trois ou quatre fois le jour; puis, après l'avoir fait sécher, on le frotte d'huile de palmier. Chez les Mandingues les riches affichent un grand luxe d'esclaves, mais ils leur rendent la vie très-douce. Lorsque Moore, au siècle dernier, visita les pays arrosés par la Gambie, il y avait près de Brouko, dans le royaume de Kabou, un village entier de 200 personnes qui n'étaient que les femmes, les esclaves et les enfants d'un même Mandingue. Dans sa parure un prince mandingue ne se distingue de ses sujets que parce qu'il est paré d'une plus grande quantité de gris-gris ou de graine d'une espèce de palmier. Mais pour la pompe il a près de lui deux de ses femmes occupées à le gratter ou à le chatouiller. La loi lui accorde sept femmes légitimes, mais elle lui permet autant de concubines qu'il en désire. Dans la plupart des royaumes mandingues il y a un grand nombre de seigneurs qui sont considérés comme les rois des villes ou des villages où ils résident. Chaque ville a son gouverneur, qui est chargé de régler le travail du peuple, et qui est juge de tous les différends qui peuvent s'élever entre les habitants. Quelques voyageurs ont désigné sous le nom de Serracolets ou Serrakhales une des plus anciennes nations de la Sénégambie; mais il parait certain que l'on doit comprendre sous ce nom des marchands qui appartiennent à quelques tribus voisines du Sénégal, et qui ont échelonné leur1

Mathews : Voyage à Sierra-Leone, p. 71-97.

.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.