Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE.

SÉNÉGAMBIE ET GUINÉE.

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autres plantes herbacées qui servent à la nourriture, sont l'igname, le manioc ou cassave, la grosse fève que produit le dolichos tignosus, le délicieux ananas, qui croît dans les endroits les plus déserts; enfin différentes espèces de melons et de courges. Le tabac se trouve partout et en grande abondance; mais, excellent dans le Sénégal, il est de la plus mauvaise espèce à la côte d'Or. Les nègres aiment tellement à fumer cette plante, qu'ils supportent plus facilement la faim que la privation de cette jouissance. La canne à sucre, abondante et excellente, ne sert qu'à nourrir les éléphants, les cochons et les buffles, qui l'aiment beaucoup ·, quelquefois le nègre en boit le suc. L'abondance des aloès, des balsamines, des tubéreuses, des lis, des amaranthes, plantes au milieu desquelles s'élève la melhonica superba, magnifique liliacée qui n'est point aussi fréquente ici que sur la côte de Malabar, donné à la fleuraison de ces contrées un aspect de pompe et de magnificence qui étonne le voyageur européen. Le trait le plus singulier de la végétation éthiopienne, c'est peut-être la hauteur à laquelle s'élève l'herbe de Guinée (panicum allissimum). Elevée de 2 et quelquefois de 3 η 4 mètres, ceite plante forme d'immenses forêts herbacées, où des troupeaux entiers d'éléphants et de sangliers errent sans être vus.. L'énorme serpent boa se cache sous ce gazon gigantesque. Souvent le nègre allume ces savanes pour rendre l'air plus pur ou la culture plus facile; alors, pendant la nuit, de larges fleuves de feu semblent sillonner la campagne et dissiper les ténèbres; mais pendant le jour, des colonnes de fumée couvrent l'horizon, et les oiseaux de proie les suivent en foule pour dévorer les serpents et les lézards étouffés dans les flammes. Ces sortes d'incendies ont paru aux yeux de quelques savants fournir l'explication la plus naturelle des torrents de feu qu'aperçut le carthaginois Hannon, dans son voyage au midi de Cerné L'espèce de gouet appelée arum aphylum, plante singulière qui habite les lieux pierreux et montueux, est commune au Sénégal ; les Yolofs ou Ghiolofs qui habitent le pays de Cayor mangent sa racine dans les temps de disette ; ils la font sécher, puis bouillir, et tandis qu'elle est chaude ils en extraient le jus qui est un poison. Un petit arbre nommé pterocarpus africanus, qui perd ses feuilles en novembre et fleurit en décembre, est connu des habitants du Sénégal sous le nom do kari : il fournit une bonne espèce de gomme, par une simple incision faite dans l'écorce. Aucune partie du monde ne nourrit de plus nombreuses troupes d'élé1

Voyez notre I" volume, page 59.


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