Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-ONZIÈME.

chantent pour abréger les longues heures du voyage; c'est surtout lorsqu'ils approchent de quelques habitations, ou lorsque les chameaux semblent prêts à succomber de lassitude, que leurs chants ont plus de vivacité et d'expression; la mélodie et la douceur de ces chants raniment et soutiennent les chameaux. A quatre heures du soir on dresse les tentes, on récite en commun les prières ; et après le souper, qui succède à cet acte de dévotion, tous s'asseyent en cercle, causent ou content des histoires jusqu'à ce que le sommeil vienne fermer leurs yeux. L'arabe s'adoucit extrêmement dans la bouche des conducteurs de chameaux ; cette langue devient aussi douce et plus sonore que l'italien; leur dialecte particulier ressemble à l'ancienne langue du Koran, qui, pendant douze cents ans, n'a presque point souffert d'altération. Les Arabes de Magaffra et ceux de Oulâd-AbySebâ improvisent avec beaucoup de facilité; les femmes, fort habiles en poésie, distinguent favorablement les jeunes Arabes qui excellent dans cet amusement spirituel. Il nous reste à parler d'un peuple important par l'étendue du territoire qu'il occupe vers l'extrémité orientale du Sahara : ce sont les Tovaricks ou Touaregs, appelés aussi Targhys ou Sourgous. Toutes les oasis qui bordent le désert de ce côté leur appartiennent. Ils s'étendent depuis les limites du Fezzan jusqu'à celles du Soudan, et sont souvent en guerre avec ces deux pays. Ils poussent même leurs excursions jusque sur les bords du Djoliba, et sont la terreur des paisibles habitants des contrées qui bordent ce fleuve. Ils se divisent en plusieurs tribus dont quelques-unes ne vivent que de brigandage; mais ils ne donnent la mort à ceux qu'ils pillent que lorsqu'ils éprouvent de la résistance. Ils enlèvent un grand nombre d'habitants dans les différents États du Soudan, elles vendent ensuite comme esclaves. Leur courage, leur témérité, leur habileté à manier les armes, et les courses rapides qu'ils font, montés sur des Mah'aris, grands chameaux d'une agilité et d'une vitesse extraordinaires, en font la terreur des peuples sédentaires voisins du désert. Les caravanes qui traversent leur pays leur paient un tribut pour ne point en être inquiétées; et dès que cette contribution est acquittée, elles peuvent voyager en toute sécurité. Les Touariks sont grands et bien faits ; la couleur basanée de leur teint n'est due qu'à la chaleur du climat, les parties de leur corps qui restent cachées par les vêtements annoncent par leur blancheur que leur peau est de la même teinte que celle des Européens méridionaux. Ils se cachent une partie du visage avec un morceau de toile de coton, ordinairement bleue ; ce morceau descend depuis le nez jusque sur leur poitrine. Ils portent un


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