Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. - SAHARA.

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sur les cadavres, qu'ils disputent aux dogues des Maures. Ces animaux vivent ici presque sans boire. Les troupeaux consistent en chameaux, chèvres et moutons; ils vivent dans les oasis. Les chevaux, très-rares, sont quelquefois abreuvés de lait au lieu d'eau. La côte de Sahara présente quelques ports et mouillages. Ceux de βίοde-Ouro et de Saint-Cyprien sont formés par de larges anses de l'Océan, semblables à des embouchures de fleuves. Le golfe d'Arguin et La rade de Porlendik, ou Porto-d' Addy, ont souvent été visités par les Européens. On remarque le cap Bojador, terreur des navigateurs du moyen âge, et, jusqu'en 1533, ferme fatal de tous les voyages maritimes; et le cap Blanc, qui, selon l'opinion la plus probable, fut la borne des découvertes des Carthaginois. Les Monselmines et les Mongéarls habitent vers le cap Bojador, et, sur les hauteurs de cette côte très-dangereuse, ils font ordinairement des signaux aux vaisseaux afin de les attirer à une perte inévitable. Alors ces féroces Africains s'emparent des marchandises et des hommes de l'équipage. Les Wadelims, ou Oulâd-Deleym, et les Ladbessebas, qui demeurent près du cap Blanc, ont été décrits comme des monstres de cruauté par un Français qui eut le malheur de faire naufrage sur leurs côtes. Le sort des captifs est vraiment à plaindre ; les Maures, en les emmenant dans l'intérieur du désert, les font marcher comme eux-mêmes, cinquante milles anglais par jour, en ne leur donnant le soir qu'un peu de farine d'orge délayée dans de l'eau, nourriture ordinaire de ces nomades. La plante des pieds, chez l'Européen, s'enfle horriblement par la chaleur du sable brûlant, que l'Arabe traverse sans inconvénient. Bientôt le maître s'aperçoit combien son esclave est peu propre aux travaux et aux fatigues d'une semblable vie; il cherche à s'en défaire, et, après l'avoir traîné de marché en marché, il rencontre ordinairement quelque Juif voyageur, de ceux qui, établis à Ouâd-Noun, parcourent le désert avec leurs marchandises. Le Juif donne pour le rachat du captif un peu de tabac, du sel et quelques vêtements; il écrit ensuite à maux, eux-mêmes, que nous venons d'énumérer, ne pourraient trouver leur subsistance dans la mer de sable que l'Européen se représente lorsqu'il s'agit du désert; rien n'est plus faux que cette image si connue du lion du désert; le roi des animaux a besoin d'une eau limpide pour se désaltérer et d'un frais ombrage pour s'abriter durant la chaleur du jour. La véritable idée que nous devons nous faire du désert est celle que Strabon a consignée dans son XVIIe livre: « Ce continent (Afrique) ressemble à une peau de panthère, car il est comme moucheté par des cantons habités qu'isolent des terrains arides et déserts; les Égyptiens appellent ces cantons des Auases (Oasis). » V.A. M-B.


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