Géographie complète et universelle. Tome 4

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AFRIQUE. — EMPIRE DE MAROC.

dame); tous les schéryfs de la famille impériale se font appeler moulai on monseigneur. L'empire est divisé en vingt-neuf gouvernements, composés quelquefois d'une province ou d'une partie de province, et quelquefois d'une seule ville avec sa banlieue. Les gouverneurs généraux ou pachas résident à Fez, Maroc, Méquinez, Tanger, Salé, Taroudant et Magador. Les gouverneurs particuliers, appelés kaïds, ont sous leurs ordres des intendants, des administrateurs des douanes, des percepteurs, des hhakems ou préfets de police et des cheikhs des cantons et des villages. Les Berbères et les Chillouhs sont gouvernés par un cheïkhs kebir ou grand ancien, qui a sur eux une autorité absolue. Les diverses religions qui admettent l'unité de Dieu, sont tolérées. Il y a des monastères catholiques à Maroc, à Mogador, à Méquinez et à Tanger ; cependant les moines catholiques, à Maroc cl à Méquinez, sont surveillés de près et exposés à des vexations. Il est certain aussi que les Juifs, extrêmement nombreux et répandus même dans les vallées du mont Atlas, sont traités avec l'inhumanité la plus révoltante. Leur situation civile et morale est un phénomène très-singulier. D'un côté, leur industrie, leur adresse, leurs connaissances les rendent maîtres du commerce et des manufactures; ils dirigent la monnaie royale, ils lèvent les droits d'entrée et de sortie, ils servent comme interprètes et comme chargés d'affaires ; d'un autre côté, ils éprouvent les vexations les plus odieuses, et môme les traitements les plus épouvantables. Il leur est défendu d'écrire en arabe, et même de connaître les caractères arabes, attendu qu'ils ne sont pas dignes de lire le Koran. Leurs femmes ont ordre de ne point porter des habits verts, et de ne voiler qu'à demi leur visage. Un Maure entre librement dans la synagogue, et maltraite même les rabbins. Les Juifs ne peuvent passer devant une mosquée que nu-pieds; ils sont obligés d'ôter leurs pantoufles à une grande distance. Ils n'osent pas monter à cheval, ni s'asseoir les jambes croisées en présence des Maures d'un certain rang. Souvent ils sont attaqués par les polissons dans les promenades publiques; on les couvre de boue, on leur crache au visage, on les assomme de coups ; ils sont forcés de demander grâce en traitant de sidi ou seigneur celui même qui vient de les outrager. Si un Juif, pour se défendre, lève la main contre un Maure, il court risque d'être condamné à mort. Travaillent-ils pour la cour, ils ne sont point payés, et s'estiment heureux de ne pas être battus. Un prince Ischem se fit apporter un habit par un tailleur juif : l'habit n'était pas juste; aussitôt le prince veut massacrer le Juif; le gouverneur de la ville intercède, et le Juif en est quitte IV.

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