Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-DIXIÈME.

un peu brune. Ce que leur costume a de particulier, c'est le bernous, grand manteau de laine auquel tient un capuchon. L'habillement des femmes se compose d'une chemise de laine blanche fort large, à manches courtes, qui est liée avec une corde au milieu du corps. Quelques-unes se tatouent les membres et la poitrine. Les Maures forment la plus grande partie de la population des États algériens. Ils paraissent descendre des anciens Mauritaniens et des anciens Numides, habitants aborigènes de l'Afrique, mélangés successivement avec les Phéniciens, les Romains, les Berbères et les Arabes, et même avec les Vandales et les Européens qui, depuis l'invasion de ceux-ci, se sont établis en Barbarie. Ces mélanges ont formé une foule de variétés parmi les Maures; cependant il existe un grand nombre de familles qui n'ont point contracté d'alliance avec les étrangers, et chez lesquelles on retrouve les caractères de la race primitive. Ils ont la peau un peu basanée, mais cependant plus blanche que celle des Arabes; ils ont les cheveux noirs, le nez arrondi, la bouche moyenne, les yeux très-ouverts, mais peu vifs, les muscles bien prononcés, et le corps plutôt gras que maigre-, leur taille est audessus de la moyenne, et leur démarche est grave et fière. Les femmes mauresques sont assez jolies de figure; mais comme l'embonpoint est une beauté aux yeux des Maures, elles font tout ce qu'elles peuvent pour l'augmenter ; et comme aussi les mères ont l'habitude de tirer la gorge des jeunes filles pour l'allonger, avant l'âge de trente ans, leur taille, par ces deux motifs, est tout-à-fait déformée. Les Maures habitent principalement les villes et quelques villages plus ou moins rapprochés de celles-ci; en général, il y en a très-peu dans la campagne. Le costume des hommes diffère à peine de celui des Turcs, mais celui des femmes s'en éloigne beaucoup-, il n'est d'ailleurs pas le même pour l'intérieur des maisons que pour la rue. Dans sa maison, une Mauresque en négligé est à peine vêtue; sa tête est nue ; une petite chemise à manches courtes, et un caleçon fixé sur les reins lui cachent le ventre et une partie des cuisses; un fichu de couleur et ordinairement en soie, noué par devant de manière à former un petit jupon ouvert, complète l'ajustement; car, dans ce négligé, avec lequel les Mauresques ne se font aucun scrupule de se montrer sur les balcons de leurs terrasses, elles n'ont ni bas ni souliers. Le costume paré de l'intérieur est très-riche, et même élégant. Elles ont les cheveux tressés, et sur le sommet de la tête un grand bonnet, pointu comme celui de nos Cauchoises, orné de lames de métal et de rubans, s'élève en s'inclinant en arrière. Du bas de ce bonnet tombe jus-


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