Géographie complète et universelle. Tome 4

Page 286

618

LIVRE QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME.

M. Poivre, auteur du Voyage d'un Philosophe, intendant de cette île, introduisit en 1776 la culture du clou de girofle avec beaucoup de succès. On lui doit en partie celle de l'arbre à pain, de la muscade et de la cannelle. Le sol de l'île est en général excellent; mais, comme elle forme presque tout à fait une grande montagne, les pluies qu'elle attire portent vers son soubassement la terre végétale; de sorte que, sans l'industrie qui a su maîtriser cet inconvénient, le sommet de la montagne ne formerait qu'une roche nue et désolée, tandis que le territoire devient meilleur à mesure qu'il s'approche des côtes de la mer. Les cantons situés sous le vent jouissent d'un climat et d'une température très-favorables à la perfection du cafter; mais malheureusement l'effet qui produit cet avantage contribue aussi à la multiplication des insectes qui détruisent la plante. On en estime le produit à 1,000,000 de kilogrammes. La culture de la canne à sucre, presque entièrement négligée jusqu'en 1818, est aujourd'hui la plus importante de l'île ; elle réussit surtout dans la partie du Vent. Le nombre des moulins employés à l'extraction du sucre était, en 1850, d'environ 160, dont 100 moulins à vapeur. Ils produisaient 25,000,000 de kilogrammes de sucre brut, 2,000,000 de litres de sirops et mélasses, et près de 1,000,000 de litres de rhum et tafia. La culture des clous de girofle est aussi très-importante, mais le cultivateur ne peut jamais compter sur cette récolte avec assurance ; elle est très-abondante dans une année et nulle dans une autre; on peut cependant l'évaluer, année moyenne, à 200,000 kilogrammes. Le coton est aujourd'hui moins cultivé qu'il ne l'était autrefois, surtout depuis qu'une maladie a ravagé les plantations. Cette maladie, dont on n'a pu deviner la nature, ne nuit point à la vigueur de la plante, mais elle empêche le développement de la semence, et réduit le produit presqu'à rien. Cet inconvénient, joint à l'interruption prolongée du commerce, engagea la plupart des planteurs de coton à convertir insensiblement leurs terres en plantations de grains ou de café. Aussi le produit total de l'île en coton ne s'élève-t-il qu'à environ 25,000 kilogrammes. La récolte du blé, qui n'est cependant consommée que par les Européens et les colons des villes, est insuffisante pour celte consommation; le riz est la principale nourriture des créoles et compose avec le manioc, le maïs et les patates, la nourriture des noirs. Les légumes de l'île Bourbon sont ceux de l'Europe; ses fruits sont aussi les mêmes ; mais elle y joint ceux des contrées tropicales, l'ananas, le fruit à pain, la datte, l'orange. L'aridité des savanes ou pâturages ne permet pas d'élever dans l'île la quantité de bestiaux nécessaires aux besoins; elle s'en procure en les fui-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.