Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME.

de flexions, la même manière de lier les mots, la même abondance de voyelles. « La langue ova , dit un Français1 qui acquit un grand crédit chez les « Madécasses, rivalise avec bien des langues anciennes et modernes, entre « autres l'hébreu et le grec, par la composition de ses verbes et par la « flexibilité, les grâces, la douceur, la force et l'énergie de ses mots, qui « se terminent par des voyelles liquides, et qui tiennent plus de l'arabe et « du malais que des autres. Elle abonde en toutes sortes de termes et d'ex« pressions du même sens ; elle est plus mélodieuse que la langue italienne, « parce qu'elle n'a presque point de triples consonnantes ; elle hait les « terminaisons efféminées et les diminutifs fades qui olaisent tant à « d'autres. « Il n'existe peut-être pas de langue qui s'écarte plus qu'elle de l'affec« tation et du clinquant : claire, concise, sonore, elle conserve toujours, « même en poésie, une sorte de sévérité heureusement tempérée. Elle est « seule usitée dans toute l'île, si l'on excepte toutefois la langue des « Vagimba's, descendants des premiers habitants de Madagascar, appelés « Kimoss.» Les Madecasses ou Malegaches vivent généralement dans une liberté turbulente. Les Séklaves, les Antancayes et les Ovas gémissent pourtant sous le joug d'un gouvernement tyrannique. Hors de ces États, le xMadécasse ne reconnaît d'autorité suprême que dans les cabares, ou assemblées publiques ·, c'est là que se décident les affaires publiques et que se jugent les procès. Les discours qui y sont prononcés brillent souvent d'une éloquence naturelle et énergique. Chez plusieurs tribus on reconnaît des classes héréditaires, dont les priviléges ne sont pas bien déterminés. Les Voadrisi sont les seigneurs suzerains indigènes, subjugués en quelques cantons par les Arabes. Les Lohavohits sont des seigneurs qui commandent dans leurs villages. Les Oudzoa forment le peuple. Il y a en outre de nombreux esclaves. Comme dans les îles de la mer du Sud, le droit de tuer certains animaux et de manger certaines viandes, est réservé aux classes supérieures. Les déplorables superstitions auxquelles le Madécasse est livré sont mêlées avec quelques notions sur de bons et de mauvais anges, empruntées des Arabes. Les prêtres, appelés Ombias, s'occupent de médecine, de 1

Coroller, fils naturel d'un Français de Lorient. Il devint prince héréditaire de la

province des Bétanimènes, et l'un des premiers généraux de la reine Banavalou-Manjoka. — Nouvelles Annales des Voyages, octobre 1839.


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