Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME.

partie du nord ; mais on n'y trouve aucune bonne rade, et les Européens évitent cette côte inhospitalière. Les insulaires de cette partie ont le teint très-noir et les cheveux crépus. Ils se servent du bouclier, usage que n'ont point les autres Malgaches. Les Antambasses s'étendent à l'extrémité sud-est de l'Ile, depuis la baie de Sainte-Luce jusqu'à l'extrémité de la vallée d'Amboule, l'espace d'environ 25 lieues, et autant du nord au sud. Siangourih en est la capitale : elle consiste en une cinquantaine de cabanes. Les hommes sont grands, robustes, toujours gais, doux et généreux, mais paresseux à l'excès et dans la plus affreuse misère. Les femmes, en général, n'atteignent pas la taille que la nalure semble leur avoir assignée ; comme ailleurs, elles sont pour l'ordinaire laides et fort débauchées. L'anse Dauphine est sur la côte1. Il y a des sources d'eau thermale ferrugineuse dans la vallée d'Amboule, d'excellents pâturages, et de belles rivières, mais peu de bois : les montagnes qui l'entourent sont arides jusqu'au tiers de leur hauteur. On peut en tirer annuellement 7 à 800 bœufs et 12 à 15 milliers de riz. Les Anlanosses au sud, et les Taissambes à l'ouest, réunis autrefois en un seul corps de nation, avec les Antambasses, sont encore aujourd'hui gouvernés par des chefs de la même famille arabe qui possédait alors toute la partie méridionale de Madagascar. Passons aux tribus de l'intérieur. Les Antambanivouls ou Ambanivoules, c'est-à-dire les habitants du pays des bambous, moins corrompus que les peuples du bord de la mer, passent chez ceux-ci pour grossiers. Pasteurs et cultivateurs, s'ils manquent d'usage, au moins ils n'ont pas de vices. Ils mènent une vie frugale, laborieuse, et sont très-hospitaliers. Ils vendent à leurs voisins, notamment aux Bestimessaras, qui autrement mourraient de besoin, du riz, de la volaille, du miel et du toc, boisson faite avec le jus fermenté de la banane et de la canne à sucre 2. Les Antsianaxes demeurent depuis les sources du Manangouré jusqu'aux confins du pays des Antavarts. On les faisait passer pour des brigands , parce qu'ils défendaient l'entrée de leur territoire à des brigands blancs; mais des voyageurs pacifiques ont récemment visité leurs villages, bien policés et assez bien bâtis, leurs plantations de riz et leurs montagnes, d'où, à ce qu'il paraît, on tire de l'argent. L'air salubre de ce pays le rendrait éminemment propre à devenir le siége d'une colonie européenne, qui 1

Lislet Geoffroy, dans les Annales des Voyages, t. II, p. 51. Chapelier, Annales des Voyages, t. XIV, p. 60. Ep. Collin, ibid. ibid., t. II, p. 18. 2

88.

Fressanges,


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