Géographie complète et universelle. Tome 4

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LIVRE QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME.

Cette assertion, tout hypothétique qu'elle doive encore être, prendra à nos yeux plus d'importance encore si nous la rapprochons d'une information rapportée par M. Kœnig, qui représentait le fleuve Blanc comme venant d'un grand lac situé bien loin vers le sud 1. Ptolémée aurait donc eu raison de placer les sources du Nil au delà de l'équateur. Le seul fait que nous autorisent à constater les découvertes de MM. Krapf et Rebmann, c'est l'existence d'un vaste plateau boisé à environ 75 lieues de la côte de Mombâs ·, plateau qui serait le point de partage des eaux coulant vers l'océan Indien, l'océan Atlantique et la Méditerranée. De plus, c'est que ce plateau s'appuierait à l'est sur une longue chaîne de montagnes, dont quelques-unes, les monts Kilimanjaro et Kénia, seraient assez élevées pour se couvrir de neiges persistantes. Enfin que cette chaîne irait peut-être vers le nord se souder au grand plateau abyssin.

LIVRE QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME.

Suite de la Description de l'Afrique. — Iles africaines orientales, ou Socotra, Madagascar, les Mascareignes.

En quittant le continent de l'Afrique par sa pointe orientale, nous rencontrons d'abord l'île deSocotra ou Socotora, terre aride, pierreuse, presque entièrement dépourvue d'eau et de végétation : le vent porte le sable du rivage jusque sur le sommet de la chaîne centrale des montagnes. Cependant, dans les vallées abritées, il croît le meilleur aloès que l'on connaisse, ainsi qu'une grande quantité de dattes. Outre le niosobrun, ou la gomme retirée de l'aloès, l'île exporte du cinabre et du sang-dragon. George Andersen, voyageur peu éclairé, dit qu'il y a vu des casoars. La mer y rejette de l'ambre gris ; le corail et les polypiers y sont très-communs. La population de cette île pourrait être le sujet de longues discussions. On la dit bien peuplée. Philostorge, Edrisi, Hamdoullah, parlent d'une colonie envoyée ici par Alexandre le Grand. Du temps de Philostorge, les colons parlaient syrien. Marco-Polo donne aux chrétiens de Socotra un archevêque. Les Portugais y trouvèrent des chrétiens monophysites, dont les prières leur paraissaient écrites en chaldéen. Encore en 1593, il y eut 1

Voir le Bulletin de la Société de géographie, première série, t. VI, p. 169 et la préface de M. Jomard, qui sert d'introduction au voyage au Dar-Four.


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